Critique film: Yves de Benoit Forgeard
Yves le héros inhabituel et singulier avec son accroche de l’Eurovision et son affiche avait attiré mon regard. Ai-je succombé? Réponse après le résumé.
Synopsis:
Jérem s’installe dans la maison de sa mémé pour y composer son premier disque. Il y fait la rencontre de So, mystérieuse enquêtrice pour le compte de la start-up Digital Cool. Elle le persuade de prendre à l’essai Yves, un réfrigérateur intelligent, censé lui simplifier la vie…
Mon avis:
Yves est une comédie décalée. Loufoque. Un ovni complètement barré, futuriste, effrayant et doux à la fois, il se démarque du lot. Allez savoir pourquoi j’ai cru voir un mixte entre Cherry 2000 (un vieux film des années 80 qui est un de mes petits plaisirs coupables) et Her avec Joaquin Phoenix. Ici, nulle entitée féminine, nulle poupée synthétique, une IA (Intelligence artificielle) sous forme de frigidaire s’impose comme un héros hors norme.
Yves est le centre névralgique du film. Ce frigo emporte dans une aventure originale, avec un gros brin de folie. Intelligent, brillant accessoire dans la vie de Jerem, son propriétaire menteur, au chomage. Il chamboule l’existence de ce rappeur qui se pense doué pour la musique. Le robot modifie la donne. Peu à peu, il gagne sa place et vole la vedette à l’homme. L’IA prend les choses en mains, transforme tout de la musique aux relations. C’est absurde, drôle, piquant.
Je parle peu des acteurs. Peut-être parce que l’attention est capturée par Yves. Il vampirise les humains. William Lebghil m’a fait mourir de rire à plusieurs reprises. Doria Tillier est lumineuse. Philippe Katerine en manager au look sorti des années 90, semble pousser vers le passé.
Le Looser vit en colocation teste avec Yves qui devient le maître des clés. Le virtuel pose son emprise sur tout. Il prend contrôle des moindres petits faits et gestes de son hôte. Comme un parasite, il impose sa présence doucement mais sûrement. Sans agression, il transgresse sa place. Le ton est perché mais il pointe en même temps la place des artefacts à l’intelligence artificielle dans le quotidien. Frigo, cafetière, lumière, machine à laver, aspirateur, les IA sont partout. Un jour, le monde sera leur terrain de jeu.
Incongru, fou, incisif, je suis ressortie de la salle avec un sentiment étrange. Yves est envoûtant. Ce frigo en apparence quelqueconque finit par faire froid dans le dos. Par son pouvoir, sa puissance et l’assaut qu’il a sur la vie de Jerem et son entourage. A travers lui, plusieurs thèmes sont abordés, les relations humaines, les imposteurs, les quêtes de l’homme de toujours plus…
L’ambiance est maline, décalée, folle, poétique. Elle joue sur les émotions à merveille. Elle laisse un ressenti bizarre. Et j’avoue que je crois que j’ai vu une des scènes les plus improbables de mon année cinématographique avec les protagonistes de ce film. J’en suis presque venue à me demander dans quoi je m’étais embarquée. Plusieurs points m’ont fait retomber comme un soufflé. Le rythme inégal, les tensions et la fin m’ont rendue perplexe. C’est dommage car c’est potache, extravagant, inquiétant, réaliste et percutant.
Yves est une ode aux machines. Il prédit l’apocalypse version IA avec un rendu azimuté. Le film pousse à réfléchir sur la place de tous les appareils connectés, à intelligence virtuelle au service de l’homme.
Ma note:
7/10
Informations:
Date de sortie 26 juin 2019
Durée: 1h 47min
De Benoit Forgeard
Distributeur: Le Pacte
Avec William Lebghil, Doria Tillier, Philippe Katerine
Genre Comédie
Nationalité Français