Critique roman: Nos éclats de miroir de Florence Hinckel
La couverture simple et efficace associée au titre m'intriguait. J'ai reçu l'ouvrage dans un joli coffret. J'étais curieuse de découvrir le roman. Je me suis lancée avec aucune idée précise en tête. Ai-je succombé? Réponse après le résumé.
Synopsis:
Je m’appelle Cléo, et j’aurai bientôt 15 ans, 1 mois et 20 jours. Cette date est importante pour moi, car c’est à cet âge-là que tu es morte, Anne Frank. Tu es mon écrivaine préférée ! Alors j’ai décidé de m’adresser à toi dans ce nouveau carnet. Je vais te raconter ce qui m’interroge, me fait rire ou me bouleverse. Toutes ces choses que je n’oserais jamais dire à voix haute : le voile devant les yeux de ma mère ; ma meilleure et parfois cruelle amie Bérénice ; ma grande sœur, si forte et déterminée ; Dimitri, mon amour d’enfance perdu de vue ; la complexité du monde. Mais aussi mon reflet, si mouvant qu’il m’échappe… ou parfois se brise.
Je vais te parler de nos éclats de miroirs.
Les tiens, les miens, les leurs.
Mon avis:
Florence Hinckel créé un parallèle entre son héroïne et Anne Frank. Elle dessine un pont entre les deux jeunes adolescentes. Elle les relie par l’écriture. Cléo a presque le même âge que l’héroïne qui l’inspire. Elle rédige un journal intime et l’adresse à Anne Frank. La lecture de son écrit l’a bouleversée et marquée à jamais. Les traces restent.
La jeune fille de presque quinze ans adresse des lettes à Anne Frank. Elle les signe Kitty. Les pensées se couchent sur le papier. Les mots se font messagers, doux, intenses, percutants. Ils se forment un récit particulier. La vie de la collégienne se dévoile à travers les phrases magnifiques de Florence Hinckel.
Au fil des pages, les relations familiales, les amitiés, les aléas de la vie se déploient. Les personnages se dévoilent. L’esprit réfléchit. Il plonge dans le quotidien de Cléo avec une sincérité, une touche émouvante, sans fard, assez réaliste. C’est troublant de voir comment l’auteure parvient à dépeindre les idées de son héroïne adolescente.
Les questionnements caractéristiques de l’âge « ingrat » se pointent du doigt, peut-être trop en surface par moments. L’envie de plus s’installe. Mais le format court permet néanmoins d’aborder des sujets comme les amitiés toxiques, les amours, les liens familiaux… Tout se mélange dans un ballet qui survole plusieurs thèmes, tout en se faisant une place dans le coeur du lecteur.
Le style est attrayant, il entraîne dans un récit qui possède plus d’un passage assez impressionnant. Les courriers s’imbriquent comme des puzzles. Ils offrent des pensées en miroir étonnantes. C’est beau à suivre. Même si le charme reste inexploité. L’adolescence joue peut-être sur le rendu. Je pense que l’impression d’avoir des inégalités dans la logique des chapitres reposent en grosse partie sur l’âge de son héroïne. Les mots de la jeune fille donnent la sensation de partir dans tous les sens. Ils ont leur propre liberté de penser. La trame suit son cours.
En bref, Florence Hinckel a écrit une histoire qui saura faire mouche pour un public jeunesse dès 12 ans. Les préoccupations leur parleront davantage que les adultes, qui ont tendance à oublier cette période. L’auteure dresse un joyeux bordel de pensées, désorganisé en apparence, mais très proche du cerveau d’un adolescent en pleine construction. C’est attendrissant et joliment narré. La forme réalise son petit effet.
Ma note:
8/10
Informations:
Auteure: Florence Hinckel
A partir de 12/13 ans
Editions Nathan
175 pages
Sortie : 17 Janvier 2019