Critique film: Les chatouilles par Andréa Bescond, Eric Métayer
J’évite certains sujets dans mes découvertes. Celui de fond des Chatouilles en fait partie. Pourquoi? Car je sais que je vais retrouver une palette de sentiments violents à la clé. Je me doutais que cela serait intense. Mais pas à ce point. J’ai découvert le film d’Andréa Bescond et Eric Métayer dans une projection à l’aveugle. Ai-je été conquise par cette oeuvre? Réponse après le résumé.
☙Synopsis:☙
Odette a huit ans, elle aime danser et dessiner. Pourquoi se méfierait-elle d’un ami de ses parents qui lui propose de « jouer aux chatouilles » ? Adulte, Odette danse sa colère, libère sa parole et embrasse la vie…
☙Mon avis:☙
Les chatouilles traitent d’un thème brut et sans fioritures. Les mots et les images n’épargnent personne. Sans tout forcément dévoiler, ils laissent tous deux assez de place pour imaginer ce qui se placent dans les trous. Plus, j’aurai eu la nausée. Déjà que l), je vous assure, je n’étais pas bien. Vraiment. J’ai eu une boule. Une pression. Un poids tout le long…
Attention, âmes sensibles, méfiez-vous. Les chatouilles sont particulièrement sombre avec son traitement de la pédophilie. Enfin sombre, il montre concrètement tout ce qui en découle à travers Odette. Cette petite personne brisée… J’ai eu le coeur en miette. J’ai fondu de rage face à cet ami de ses parents… Fondu de rage face à cette société…. C’est difficile de rester stoïque devant les scènes posées sur l’écran. Difficile de ne pas se révolter du traitement subi par cette enfant de huit ans.
Andréa Bescond et Éric Métayer savent utiliser la caméra pour montrer l’horreur sans noyer les atrocités. Ils les dévoilent sans fards. Ils les suggèrent par instants. Le montre joué par Pierre Deladonchamps est pointé du doigt sous toutes les coutures. Les tripes se serrent. Les larmes coulent. Les ailes brisées et l’innocence envolée de la petite Odette interprétée brillamment par Cyrille Mairesse remuent. Les abus sexuels, les viols sont abominables. Je n’ai pas de mots. J’ai toujours ce haut le coeur. Ce regard voilé qui se fâne au fil de la pellicule touche profondément.
Les chatouilles plongent le spectacteur dans la psychée de la victime. Les attouchements, les rêveries, les batailles, les silences se bousculent dans un ballet émouvant. Le coeur saigne. Dans cette violence, les moments de tendresse offerts par Clovis Cornillac, très touchant, apportent un souffle de fraîcheur, de lumière comme le soutien d’un amoureux (Grégory Montel) ou les pointes décalées avec le meilleur ami (Gringe), la relation particulière d’un enfant avec sa mère (Karine Viard)…. Odette se montre blessée, mais forte. La danse est son exutoire. Les chorégraphies explosent comme des messagers.
La danse sert à exploiter la douleur, à l’exprimer. Odette en use pour parler. Le film le montre avec une imperfection, une route étonnante. Le voyage détonne. Odette entraîne dans un pas compliqué, intense, percutant, drôle parfois. Tout le chemin bouleverse, retourne. Le traumatisme qu’a vécu Odette doit sortir pour avancer. Sa reconstruction ne peut exister sans briser le tabou du passé.
Les chatouilles n’hésitent pas à aborder la violence, les abus. Le film tape dans la fourmillière. Il montre une société avec des maux et ses victimes. Je me suis retrouvée scotcher au fond de mon siège en larmes, avec une boule d’émotions dans la gorge où la rage et l’espoir se battaient en duel. Les drames posés sur la pellicule sont bouleversants. Ils marquent au fer rouge. Comme le chemin parcouru par son héroïne, c’est impossible de ressortir indemne de la séance. Le ton souffle un cocktail, dur, réaliste, touchant, sombre et lumineux. La résilience déploie ses ailes. La justice la suit. Préparez votre coeur au voyage, le mien n’était pas prêt.
☙Ma note:☙
?9/10?
☙Informations:☙
Date de sortie 14 novembre 2018
Durée: 1h 43min
De Andréa Bescond, Eric Métayer
Distributeur Orange Studio Cinéma / UGC Distribution
Avec Andréa Bescond, Karin Viard, Clovis Cornillac, Grégory Montel, Pierre Deladonchamps
Genre Drame
Nationalité Français