Vous avez vu un film qui dès les premières images semblent prometteur? Tête de Turc m’a donné cette impression. J’étais bien installée et j’attendais la petite étincelle. Oui je sais certains jours je crois au Père Noël ou aux miracles au choix. Mais y a des bonnes surprises dans certaines oeuvres cinématographiques, alors pourquoi pas.
Un geste, et tout bascule.
Un adolescent Bora de 14 ans, un médecin urgentiste Simon, un flic en quête de vengeance Atom , une mère qui se bat pour les siens Sibel, un homme anéanti par la mort de sa femme voient leurs destins désormais liés.
Alors que le médecin passe plusieurs jours entre la vie et la mort, les événements s’enchaînent et tous seront entraînés par l’onde de choc.
Tout commence avec un médecin urgentiste Simon (Pascal Elbé) attaqué dans une cité par une bande de jeunes. Les événements pertubueront plusieurs vies. Le film retrace les divers axes qui en découlent. La caméra se montre tour à tour intimiste, éloignée ou présente. Parfois limite documentaire.
Le début nous plonge dans le quotidient d’un médecin urgentiste intervenant dans une cité. Tout bascule quand ce dernier se retrouve bloquer dans sa voiture en flamme caillasée par une bande de jeunes. Bora le sauve mais s’en suivra une chasse pour retrouver les fautifs. Le frère de la victime étant dans les forces de l’ordre, il se montre un peu plus dur que la normal.
Les images de descente dans les cités avaient une rendu intimiste limite étouffant. Ayant vu la Rafle il y a peu, j’ai eu mon pauvre cerveau qui a fait un parallèle policiers modernes/jeunes bandes et gendarmes/juifs. Peut-être le semblant de violence qui suintait m’a ammené à y songer. Alors que je vous l’accorde le sujet n’a rien à voir. Je ne comparerais pas les deux films. Non, juste que la scène où les forces de l’ordre cherche le coupable est assez forte visuellement et émotionnellement. J’aurai pu citer La Haine, aussi dans les parallèles. (plus ancien pour mes neurones ce jour là).
Les deux frères Atom (Roschdy Zeim) et Simon (Pascal Elbé) ont chacun leur vision des événements. L’un veut punir l’autre aider. Leur monde est antagoniste. Leur dualité n’est pas assez accentué à mes yeux. Leurs idées auraient pu être plus poussés. Leur passé à moitié dévoilé laisse songeur. J’ai eu du mal à comprendre le petit frère Vahé. Le drame d’une famille bouleverse le futur. La scène dans la voiture entre Simon et Atom est remarquable. Elle expose en quelques phrases leur divergence. Peut-être l’un des moments clés dont j’ai le plus été touchée.
Ce ne sont pas les seuls personnages dont nous apprenons au compte goutte des brides de leur passé. Bora ( Samir Makhlouf) travaille pour fuir la France avec sa petite amie Nina (Adèle Exarchopoulos vu dans la Rafle fraîche et légèrement peste). Pourquoi? pour rejoindre le père de la belle? C’est vague. Bora est attachant. Il a pas un rôle évident ni une place simple. Malgré tout, il gardera un semblant de dignité. La scène avec son frère Nuri (Léo Elbe) me revient en mémoire, elle est poignante. Car elle signe un tournant définitif.
Le scénario aurait pu appronfondir un peu plus sur ce type de point. Personnellement même si j’ai compris d’où venait leur trait de caractère, ça m’aurait éclairé sur les actions de Bora, Sibel, Atom ou encore Simon.
Vouloir traiter d’un sujet comme la délinquance en milieu défavorisé est un pari ardu. Dans un sens il est réussi. Le visage de la société apparait comme elle est paradoxale. Les jeunes à l’abandon avec leurs propres règles dans les cités: la loi du silence, ce qui t’attend si tu ne te fond pas dans la masse. Bora comet un acte sous l’impulsion du moment, poussé par ses compagnons. Il se remet de ses émotions et sauve Simon. S’en suit une lutte interne, qui lui tiraille les entrailles. Une médaille lui est offerte. Lui trouve malhonnête de l’accepter. Et il sait que ça signifie sa « mort » dans la cité. Sa mère Sibel (Ronit Elkabetz) voit tout ça d’un autre oeil. Pour elle, c’est une porte de sortie de son monde misèreux, de sa carte de séjour. Une ouverture vers une autre avenir loin des cités. J’ai trouvé remarquable le rôle de Ronit Elkabetz. A vrai dire si je devais choisir deux coups de coeur, j’opterai pour Atom et Sibel. Deux personnages blessés, usés par l’existence qui continuent malgré tout à se battre pour leur conviction.
Le thriller s’avère complexe. Mettre le nez dans un univers où les jeunes n’ont pas d’avenir, pas d’espoir, point de porte de salut évidente n’est pas une chose aisée. Ce n’est pas une fiction, ce monde existe bel et bien. La pauvreté les enserre et les livre à eux mêmes. Les pouvoirs les laissent tomber , comme énoncé dans le film, EDF ne veut plus se déplacer dans certains quartiers. C’est la dure réalité, il y a en France des endroits où la pauvreté EDF, les médecins ne vont plus par peur d’être malmené. L’histoire riche en tension arrive à dépeindre l’atmosphère qui règne dans les Cités. En plus édulcorée, néanmoins. En aucun cas, le film est un procès, ‘est plus un constat de la société d’aujourd’hui et du monde des cités. Un microcosme en quelque sorte. Tu y nais, tu y vis et tu y meurs. Avec des exceptions… seulement le visage donné par les jeunes est plus alarmiste que joyeux.
Je suis restée sur ma faim. Des idées fortes, une manière de tourner parfois un peu chaotique, des acteurs prometteurs n’ont pas pas empêché que la fin paraisse bâcler à mes yeux. Les passages alternent entre la lenteur et la rapidité, de quoi décontenancer. Sans parler des scènes inutiles à l’avancée de l’histoire. Un peu comme si on vous promettez monts et merveilles pour vous offrir tout sur un plateau en 5 minutes top chrono. J’attendais quelque chose d’autres. De connaitre plus les personnages? ou de ne pas tomber dans une fin facile? Je ne sais pas. Je suis mitigée sur l’ensemble. Dommage. C’est un premier film, les erreurs peuvent arriver. Heureusement que chaque oeuvre cinématographique est unique. Je verrai bien le prochain film de Pascal Elbé, comme quoi, j’ai quand même trouvé une petit truc positif à Tête de Turc.
Un peu d’accord, on reste sur notre faim, surtout sur l’histoire du fameux « petit frère mort ».
Enfin c’est pas mal, je suis pas mal d’accord avec ta critique, j’attend de voir ce que Elbé peut faire d’autre.