Jeudi soir, j’ai assisté à une projection privée « coup de poing » (j’attends par là l’équivalent d’une claque dans la tête et dans les yeux, oui c’est possible) suite à un message d’Arratta. La soirée La Rafle de Roselyne Bosch organisée au siège de Gaumont France a été une belle surprise. Je crois que j’ai jamais autant eu de mal à poser mes émotions. Vous m’excuserez des phrases pas toujours construites, des mots et des blancs. C’est dur et loin d’être simple de se poser après une telle oeuvre cinématographique. Je suis encore retournée par mon flot de sentiments.
La soirée a débutée par un cocktail. Je sais pas vous mais sachant le sujet du film mon appétit n’est pas des plus affamés.
La projection a eu lieu dans une joli salle confortable, intimiste et loin des grandes salles des multiplexes. Le décor était plus propice à une immersion dans un part de l’Histoire de l’Humanité. Avant le début du film, j’ai eu l’occasion d’écouter Roselyne Bosch. Un réel plaisir.
Synopsis :
1942.
Joseph a onze ans.
Et ce matin de Juin, il doit aller à l’école, une étoile Jaune cousue sur sa poitrine…
Il reçoit les encouragements d’un voisin brocanteur. Les railleries d’une boulangère.
Entre bienveillance et mépris, Jo, ses copains juifs comme lui, leurs familles, apprennent la vie dans un Paris occupé, sur la Butte Montmartre, où ils ont trouvé refuge.
Du moins le croient-ils, jusqu’à ce matin de 16 Juillet 1942, ou leur fragile bonheur bascule…
Du Vélodrome D’Hiver, où 13 000 raflés sont entassés, au camp de Beaune-La-Rolande, de Vichy à la terrasse du Berghof, La Rafle suit les destins réels des victimes et des bourreaux.
De ceux qui ont orchestré.
De ceux qui ont eu confiance.
De ceux qui ont fui.
De ceux qui se sont opposés.
Tous les personnages du film ont existé.
Tous les évènements, même les plus extrêmes, ont eu lieu cet été 1942.
Tous les billets du monde, car je ne parlerai pas de critiques, ne pourront retransmettre le vrai tourbillon qui vous saisit devant la Rafle. Je me souviens encore de mes livres d’histoire de ces misèrables paragraphes courts et concis sur la rafle du Vel d’Hiv, de la gêne du professeur puis du changement de sujet. Seulement, c’est ça aussi l’histoire de l’homme sa cruauté,sa tendance à être méchant et mauvais avec ses congénères. Ceux qui ne répondent pas à ces critères. Et ne me dites pas que l’être humain se comporte comme un animal, le premier est loin devant en torture et stratagème pour blesser autrui.
Les images parlent plus des mots:
Avant le début de la projection, le directeur commercial de Gaumont France explique un peu l’histoire du film. Il est appuyé dans ses propos par Roselyne Bosch. La réalisatrice vibre d’émotions. Sa manière de porter son oeuvre cinématographique s’avère douce ,tendre et charmante comme une mère portant son enfant. Le couvant du regard, le soutenant pour prendre son envol. Quel envol! Son « discours » trahit son émoi. Le film le retranscrit assez bien. Les larmes me sont venues sans peine bouleversée par le flot de la narration.
Dès les premières images, vous êtes pris aux tripes. Un étau vous enserre le coeur, vous immerge, vous entoure, vous enlace de votre histoire. Est-il possible ne rien ressentir devant La Rafle? De ne pas réagir? J’aurai presque envie de dire que si c’est le cas, il y a un soucis. Un truc qui cloche. La Rafle vous met à la place de chaque personnage, comme si vous viviez les événements tragiques. Chaque visage, chaque mot vous prend au ventre. Un corde bouge. Une coupure dans le voile du présent, un retour en arrière comme si vous y étiez. L’enfermement dans le Vel d’Hiv sans vivres, sans eau a un visage monstreux. Les juifs déportés sont surveillés par les gendarmes, aucun SS n’est présent.
La Rafle du Vélodrome d’Hiver retrace l’histoire de milliers de juifs déportés, des autorités françaises qui ont collaboré au dépend d’un peuple, des nazis coupables de crimes atroces. Joseph Weissman a apporté son témoignage. Si vous prêtez attention vous le verrez acceuillir Mélanie Laurent au Vél d’Hiv.
Les acteurs Jean Reno (le médecin), Gad Elmaleh( le père de Joseph), Mélanie Laurent (l’infirmière Annette au grand coeur) Raphaëlle Agogué (la mère de Joseph) vivent leur personnage et leur donnent vie littéralement sous nos yeux. Ils jouent tous leur rôle à la perfection. Gad Elmaleh est surprenant dans un registre plus sérieux loin de Chouchou. Les enfants sont captivants, leur fraîcheur, leur vision des événements est touchante.
Le jeune héros Joseph Weissman (Hugo Leverdez bluffant ) a des paroles qui m’ont marquée lors de son évasion du camp à son camarade Joseph Kogan effrayé: » Ce n’est pas des morts qu’il faut avoir peur c’est des vivants ». Si jeune et pourtant, j’ai eu l’impression que toute la vérité de la nature humaine lui était connue. Les monstruosités, les crimes et les barbaries que nul enfant ne devrait connaitre. Le focus sur les enfants est dur. Je veux dire que voir le devenir de centaines de gamins (bébés à adolescents) m’a retournée.
J’ai aimé aussi la phrase du professeur parlant de l’étoile sur les gilets de ses élévés juifs : « le premier qui mentionne cette fichue étoile je lui file mon pied au cul. C’est compris? » Il y aurait fallu plus de personnes avec des idées pareilles pour contrer les idées d’Hitler.
N’oublions pas que la rafle du Vel d’Hiv a bien existée malgré les révisionnistes, les sceptiques et autres mal réveillés du cerveau (pour pas dire atrophiés). non car les âneries que je peux encore entendre de nos jours. Les témoignages sont importants pour clouer ses inepties.
En une nuit 13 000 juifs ont été déportés dont 4051 enfants qui ne sont jamais revenus. Loin du compte souhaité par les Nazis (24000) mais déjà un énorme massacre, un trop grand nombre d’êtres humains envoyé à la mort. 10 000 ont trouvé refuge, protection et je ne sais quoi d’autres auprès de personnes qui ont osé écouter leur coeur contre cette épuration programmée.
Les larmes coulent encore à l’heure où j’écris ces lignes. J’ai des flashs des images: La Rafle à Montmartre à 4h du matin, pris en plein sommeil, les milliers de juifs poussés par des gendarmes dans des voitures. Les suicides pour échapper au massacre. Les enfants, les veillards poussés. La scène de la séparation lors de l’envoi des mères à l’Est. Les enfants laissés seuls. Les fouilles. Les pleurs, les bébés, les parents… J’ai pas ressenti ce flot d’émotions devant Jacob le Menteur ou La vie est belle. Les deux pourtant très beaux font pâle figure à côté et semblent des contes un peu plus doux. La Rafle vous submerge autrement, vous éparpille et vous colle le nez dans l’Histoire avec un grand H. Le film est bien plus qu’une oeuvre cinématographique il vise au délà il apparait comme un documentaire. Le travail derrière est mémorable. 5 ans, de nombreuses recherches et entretiens. Joseph nous offre un témoignage poignant.
La fin apparaît comme une note positive, une vision d’espoir. Enfin si on peut dire ça. Juste que revoir Joseph et Nono deux enfants magnifiques. Deux petites merveilles qui ont connu bien des atrocités à l’âge où les malheurs devraient plutôt être du style: j’ai pas eu un vélo et Robert a mangé mes bonbons. Mon coeur a chaviré un cran de plus.
Mon coeur de Maman a saigné devant les petits bouts de choux. Je ne vous raconte pas mes larmes devant le petit Nono avec sa belle déclaration d’amour à sa mère. Il souhaite l’épouser. Il m’a fait penser à mon Prem, une jolie manière d’énoncer ses sentiments. La scène prête à sourire. Lancez moi des tomates si vous ne ressentez rien. Moi, j’ai eu le sourire un instant de douceur « loin » du monde de conflits et des juifs opprimés. Nous soufflons un peu. La vie offre aussi des raisons de se lever malgré tout. Roselyne Bosch montre la relation tendre d’une mère et son fils. Le tout sans forcé, émouvant, touchant et merveilleusement simple.
Plusieurs moments ponctuent la tragédie de pointe d’humour. Pour mieux appuyer la noirceur des événements. Des mots tels que apatrides, indésirables vous broie le coeur.
Je ne suis pas un mur de sensibilité ciblée loin de là, j’ai aussi été émue face aux adultes. Simplement la relation parents/enfants m’a plus touchée. Je vous avouerai que j’ai un grand besoin d’amour là de les câliner mes 3 Moopys. A mon retour à la maison, je suis allée à pas de loup les embrasser.
L’horreur de l’homme me sidère et me donne envie de vomir. J’ai pleuré comme une madeleine. Plus d’un petit prétentieux devrait voir la Rafle, plus d’un petit caïd des cités, les idées seraient remises en questions. Les écoliers devraient assister à une projection et voir ce que leur descendance leur transmets.Un monde capable de chercher à annihiler une religion, des milliers de personnes car elles ne suivent pas leur « critères ». Bordel c’est quoi la norme? Les différences c’est beau. Si tous les êtres vivants pensaient pareil, s’habillaient pareil, étaient identiques, oh punaise que ça serait chiant la Terre. La Rafle offre un somptueux témoignage tourné, réalisé et joué d’une manière qui ne laisse pas de marbre avec des allures parfois pédagogiques. Un travail de mémoire à voir.
Les mots me manquent pour vraiment décrire tout le bien qui me vient en tête pour la réalisation de Roselyne Bosch. Juste merci pour ce chef d’oeuvre.
Merci à Roselyne Bosch, merci aux acteurs remarquables, merci à Gaumont France, et à Vincent.
Et un grand merci aux témoignages des rescapés.
Casting: Jean Reno (le médecin), Gad Elmaleh( le père de Joseph),Mélanie Laurent (l’infirmière au grand coeur) Raphaëlle Agogué (la mère de Joseph) et Hugo Leverdez(Joseph Weissmann)
Sortie: 10 mars 2010
Sites offciels:
http://www.larafle-lefilm.com/enseignants/
http://www.larafle-lefilm.com
« La terre est devenue trop petite pour la méchanceté des hommes » Maurice Chapelan
Je ne suis toujours pas sûre de POUVOIR voir ce film… malgré tout le bien qu’on en dit.
Et pourtant, je sens qu’il FAUT que je le vois.
J’ai lu tout un tas de bouquin la dessus (ayant des origines juives par ma mere, j’aime connaitre toutes les aventures et mésaventures de ce peuple) et j’ai toujours eu comment dire … une boule a l’estomac. Ca te prend et ca ne te quitte plus … Ca laisse une impression de mal-etre.. enfin je ne saurai pas comment dire ca en fait !
Je vous signale le témoignage de Sarah qui habitait Montmartre lorsque ses parent ont été « raflés » en 1942. Le site Dixhuitinfo lui a consacré un article:
http://www.dixhuitinfo.com/spip.php?article358
@Héléne merci pour l’information
Really informative blog.Thanks Again. Will read on…