Une Femme Sous Influence (A woman under the influence) 1974
Réalisé par John Cassavetes avec Peter Falk et Gena Rowlands
Nominé au Oscar pour : Meilleure réalisation, Meilleure actrice.
Synopsis :
Nick travaille sur les chantiers. Suite à une rupture de canalisation, il téléphone à sa femme, Mabel, pour lui annoncer qu’il ne pourra pas passer la soirée avec elle comme prévu. Mabel qui avait confié les enfants à sa mère, se retrouve seule et désemparée. Elle sort et erre dans les bars, tombe sur un inconnu qu’elle ramène à la maison.
Le lendemain, Nick rentre au foyer accompagné de ses collègues, pour ne pas avoir à affronter Mabel seul. Sa femme improvise un déjeuner avec des spaghettis.
Alors que Mabel cherche le réconfort, elle ne trouve que condescendance et humiliation. Nick ne l’écoute pas et dépense son énergie à faire « comme si »
Avis :
Je n’ai jamais vu de film avec Peter Falk au cinéma, pour dire vrai, le seul film dont je me souviens avec cet acteur, c’est Les Ailes Du Désir (Wim Wenders) où il jouait son propre rôle, j’étais donc assez enthousiaste à le découvrir dans ce film.
Ce déroulant dans les années 70 l’atmosphère entourant les protagonistes est pourtant très actuelle. L’histoire est simple, une femme, Mabel incarnée magistralement par « Gena Rowland » ne sait pas s’exprimer « normalement » dans ses émotions et ses interactions avec les « autres ». Ce récit en apparence banal sur la folie ordinaire d’une personne et le rejet de la société normative qui l’entoure.
Nous suivons durant quelques jours le parcours de Mabel face à son couple, ses enfants, son mari, sa famille, essayant tant bien que mal de se faire accepter malgré ses difficultés à communiquer qui amène un malaise pesant dans ses relations. Cassavetes qui est le précurseur du cinéma indépendant américain nous dévoile ici des personnages d’une justesse amenant le malaise par une mise en scène totalement au service des personnages. On se perd rapidement dans la détresse de cette femme et de son mari perdu. De longs plans séquences et une place privilégiant le jeu d’acteurs nous oppresse et nous empêche de pouvoir s’extraire du film. Durant plus de deux heure ce film, prend le temps de poser ces personnages et nous conduit vers cette descente du personnage de Mabel. Ce n’est pas un film féministe mais l’histoire d’une femme cherchant son propre langage pour atteindre les personnes qu’elle aime, ses 3 enfants, absolument remarquables jeunes acteurs sont totalement crédibles dans leurs rapports contrariés avec leur mère.
Le mari incarné par Peter Falk est lui aussi très bien écrit, le film n’est pas à charge, non manichéen par essence, il ne condamne pas ses personnages mais plutôt le stéréotype même de notre société structuré qui n’accepte pas la différence et s’emploie à la corriger de manière insidieuse. Toute est une question de normalité et du « regard des autres ». La vie de Mabel, le regard des autres parents d’enfants, le regard des collègues de travail de Nick, le regard de la famille, ce film dépeint le regard des autres et les répercussions que cela entraine dans un couple. Nick essai de se conformer et entrainera la chute sa femme pour cela, son regard sur sa femme est bouleversant. Mabel est une figure mythique nos craintes les plus fondamentale, ne pas paraître normal et dévoiler ses failles, ce genre de sentiments sont plus ou moins enfouis en nous. Le respect de Cassavetes pour ses personnages et la pudeur avec lequel il aborde le sujet difficile de la folie ordinaire au quotidien en fait une expérience intense et qui reste très longtemps à l’esprit, une réussite, un modèle, magnifique.
J’adore ce film, surtout parce que je suis fan de Peter Falk, grand acteur de cinéma, et j’avoue que c’est comme ça que j’avais découvert Cassavettes et Wenders !