[Avis] Two Gates of sleep de Alistair Banks Griffin

Synopsis : A la frontière entre la Louisiane et le Mississippi, deux frères entreprennent un voyage difficile pour honorer la dernière volonté de leur mère.

Deux frères vivant dans une contrée reculée reniant une civilisation moderne qui n’a que peu d’emprise sur eux perdent leur mère. Ce postulat de départ est assez rude nous sommes dans une démarche de voyage à la limite de l’onirisme ou du conte. Après une longue scène d’introduction d’une chasse et dépeçage d’une biche nous arrivons dans cette famille atypique et la préparation du diner. L’un des frères essaient vainement de régler un poste de télévision, et l’on comprend assez vite le décalage qu’ils peuvent ressentir avec les images du téléviseur symbole si évident de notre « société moderne ».

Cette famille n’est pas arriérée, elle ne vit pas dans les mêmes croyances. L’équilibre fragile de ces trois êtres se trouve définitivement rompu quand la mère décède.  Les deux frères devront ainsi traverser des épreuves pour honorer la dernière volonté de leur mère. Tout le long du récit, on sent la méfiance des frères vis à vis des  « autres », le docteur par exemple est pour eux une sorte de collaborateur avec l’ennemi et ils ne peuvent pas lui faire confiance.

Ils entreprennent un voyage s’enfonçant encore plus dans la nature pour atteindre on ne sait quoi. Les actions des personnages ne sont jamais clairement compréhensibles, pourtant cela ne gêne pas l’immersion pour peu qu’on accepte ce postulat dès le départ. Il y a des films où l’émotion prime sur l’histoire où le décor est un personnage qui vit par lui même et prolonge le questionnement.

Two Gates of Sleep est très dur par moment, servi par une photographie magnifique on sent l’effort des comédiens à s’investir dans ce projet. Le réalisateur nous amène dans un voyage dont on ne connaît pas le but, on est obligé de suivre ces deux frères vers l’inconnu dans ce périple mortuaire. Cela peut être parfaitement déplaisant pour le spectateur n’adhérant pas à ce genre de film.  A la manière expérimentale de voyage sensorielle proche d’Apichatpong Weerasethakul (Palme D’or en 2010) cette échappée est probablement plus proche de la peinture à l’image de ces longs travellings très esthétiques. Je ne sais pas si tout cela démontre un manque de substance mais ce voyage ne m’a pas laissé indifférent. Je ne pense même pas qu’une opinion négative ou positive soit possible pour ce film.

Aterraki

Sortie nationale: 14 décembre 2011


QUINZAINE DES REALISATEURS 2010 – COPENHAGUE 2011 / PRIX DU NOUVEAU TALENT

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