Interdit aux moins de 12 ans
Lvov, Pologne 1944: les nazis ordonnent l’épuration du ghetto. Des habitants creusent un tunnel sous leur maison pour rejoindre les égouts de la ville espérant y trouver refuge. Hélas, ils tombent sur Leopold Socha, un employé municipal devenu contrebandier. Flairant la bonne affaire, ce dernier accepte de cacher onze de ces fugitifs moyennant une dîme quotidienne. Mais petit à petit, Leopold va mettre sa vie et celle des siens en danger, afin de protéger « ses Juifs ». Et ce, même quand l’argent vient à manquer.
Agnieszka Holland offre un film fort en émotions avec Sous la Ville. Je suis restée scotchée à mon siège pendant près de 2H30. J’ai eu les larmes aux yeux face à cette humanité qui s’éparpille, se blesse et se cache. La plongée dans les égouts, dans les sombres recoins de la ville, prend aux tripes. Elle vire au viscérale. La liste de Schindler relaté un simple fait, In Darkness en réalise autant avec un casting moins connu. L’histoire est rude, violente, elle narre l’extermination des juifs polonais. J’ai eu le coeur lourd. La mémoire a tendance à oublier ce qui lui déplait. Les faits ne s’effacent, ils s’estompent, oubliant les douleurs et les malheurs qu’ils ont mis au monde.
La réalisatrice s’inspire d’un récit véritable pour appuyer ses images. Elle relate, minutieusement le récit mis en lecture sur le mémorial de Yad Vashem. Le travail de recherches se ressent. Les personnages sont traités avec brio. Ils sont tour à tour attachants, perturbants, tête à claque. Ils offrent un visage d’une vie qui continue malgré les côtés noirs: l’amour, l’amitié, l’entre aide. Sous la ville met en scène le sort hors du commun d’une poignée de juifs du ghetto de Lvov, cachés dans les égouts de la ville pendant treize mois, jusqu’à l’arrivée des troupes soviétiques à l’été 1944. J’ai trouvé remarquable les performances de Robert Wieckiewicz (Leopold Socha) et Benno Fürmann. Sans oublier les autres protagonistes, comme les enfants, j’en ai pleuré. (oui je l’avoue). Tous les opposent au départ. L’égoutier change sa vision du monde l’air de rien. Il est pauvre, cupide, rustre, catholique pratiquant et pourtant il représente une partie du monde qui pense chacun pour soi. Il est le visage de l’antisémitisme. Il se métamorphose en sauveur.
Le fond religieux montre un visage assez dure avec la bêtise des catholiques, la barbarie des nazis… Les nuances de gris appuient sur le côté oppressifs sans pourtant totalement enfermer le spectateur. La directrice de la photo, Jolanta Dylewska, réussit à mettre une lumière dans l’obscurité. Elle m’a remis les tableaux de Georges de la Tour en tête. Une douceur étrange se dégage des plans. L’horreur est là, mais il existe aussi autre chose comme une étincelle d’espoir et de vie. J’ai aimé le mélange des langues, le traitement apporté à l’ensemble des dialogues du film, qui passent du yiddish à l’ukrainien, du polonais à l’allemand.
Sous la ville est un témoignage bouleversant d’une des pires périodes de l’histoire européenne. Les familles cachées vivent une multitude de calamités, plus noires plus cruelles les unes que les autres, je ne les dévoilerai pas, j’ai eu les larmes aux yeux. Le suspens demeure jusqu’à la fin sur la rédemption de Socha et sur le sauvetage de « ses juifs ». Une fois la lumière rallumée dans la salle, j’ai eu un sentiment triste, triste de savoir que l’humain peut se montrer si vil, si abjecte. J’en suis encore bouleversée. J’ai mis du temps à poser mes mots, et je n’arrive toujours pas à les mettre en page correctement pour exprimer le coup de coeur que j’ai eu pour In Darkness, allez le voir avec des mouchoirs.
Note: 9/10
Date de sortie 10 octobre 2012 (2h 25min)
Distributeur: Eurozoom
Le saviez-vous?
Hommage
La réalisatrice Agnieszka Holland dédie ce long métrage à son ami, Marek Edelma, le leader juif du soulèvement du ghetto de Varsovie, aux survivants de l’histoire dont est inspirée le film et aux 6 000 polonais reconnus « justes » par le gouvernement israélien.
Bon j’espère qu’il passera encore pendant quelques jours… ;)