Il y a des films qui vous chavirent, et vous rappellent des périodes improbables et quasi obligatoires de votre vie. Simon Werner a disparu en fait partie. Je me suis rendue à une projection en m’attendant un peu au pire. J’avais peur de l’ambiance à la série française. Je redoutais de voir un Plus belle la vie. -désolée pour les fans mais c’est pas du tout mon trip- Je m’excuse car j’ai été sincèrement surprise par l’oeuvre de Fabrice Gobert. Pour une première, il s’en sort plutôt assez bien. Simon Werner a disparu sera présenté au Festival de Deauville dans la sélection Un certain regard. Vous pourrez le découvrir en salle le 22 septembre.
Un casting prometteur: Jules Pelissier, Ana Girardot, Arthur Mazet, Laurent Delbecque, Serge Riaboukine, Laurent Capelluto, Yan Tassin, Selma El Mouissi, Esteban Carvajal-Alegria et Audrey Bastien. Les jeunes se retrouveront dans les acteurs. Les personnages ressemblent à tous les stéréotypes du lycéen: le sportif, la marginale, , le nerd, le comique, le beau gosse séducteur, la belle intello…
L’histoire se pare d’une chronologie éclatée à travers le regards de 4 de ses protagonistes principaux. Un peu à la manière de Elephant de Gus Van Sant pour vous situer le style. La navigation entre les 4 regards offre une vision des disparitions. Chacun ayant son propre déroulement, il apporte des faits nouveaux, des explications.Chaque morceau apporte un éclairage différent sur les mensonges, les rumeurs, les actions et les erreurs des personnages. Le mélange des traits de caractères des témoins permet au film d’avoir un suspens accru. Le cadre et la luminosité se modifient selon le narrateur.
Rapidement, le spectateur se rend compte que l’action ne se situe pas de nos jours mais dans les années 1990. L’époque du sans portable, sans internet, les looks jeans, le baladeur cassette, des rumeurs orales qui filent plus vite que l’éclair surtout entre jeunes. Elle joue un rôle particulier qui apporte une touche plus profonde aux réactions des personnages. C’est un des principaux acteurs dans un sens. Au même titre que la musique, que les lieux improbables comme la ville ou le lycée. Ils semblent sortis tout droit d’une époque intemporel américanisée.
Au fil des images, je me suis laissée guider, j’ai émis des hypothèses et j’ai apprécié le cheminement de Fabrice Gobert. Les doutes se dévoilent à travers l’enchainement des événements. La surprise des découvertes progressive de l’intrigue s’avère intéressante, étonnante. Le balancement entre les registres cinématographiques teen movie, film d’épouvante, polar, thriller marchent bien sans ébranler le spectateur. Les scènes dans la forêt mettent la pression comme dans Blair Witch. Psychologiquement l’impact est réussi.
Simon Werner a disparu aura ses détracteurs. Il ne séduira pas tout le public par sa fin étrange et pas forcément originale, dans la lignée du film surprenante. Mais il reste une petite perle dans son genre. Réussir à présenter la vie de lycéens, leur peur, leur espoir sous un regard teinté de clin d’oeil américains relève du pari audacieux. Un petit coup de coeur supplémentaire vient s’ajouter avec la bande originale rock signée Sonic Youth. J’ai cru revenir dans mes années lycées le temps d’un film.
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