Martha Marcy May Marlene est un premier film marquant. De part ses thèmes: l’endoctrinement, le cheminement et de l’intégration d’une secte puis la rupture avec le groupe. Avec la vie après, quand on essaie de s’en échapper, de se reconstruire. Et de l’autre par le choix de ses acteurs: Elizabeth Olsen bluffante en jeune femme blessée ou Sarah Paulson en grande soeur perdue devant la détresse déjantée de Martha.
Elizabeth Olsen est magnifique. Elle séduit par ses apparitions, sa douceur et son air perdu. Une fragilité intense se dégage de son personnage. Tel un papillon, l’actrice réussit à imposer sa présence d’une manière troublante. Elle captive, submerge et transcende les émotions. Tout un panel de sentiments se teinte sur son visage et nous transporte. Le syndrome de Stockholm se devine, il se dessine étrangement mettant presque mal à l’aise assise dans mon fauteuil, regardant l’indescriptible descente aux enfers de Martha.
Les mois passés dans la secte ont entraîné des dommages irréversibles dans l’esprit de la jeune fille. Les mots me manquant face aux diverses épreuves que Martha vit au sein de la secte. Je suis bluffée par la force qu’elle a de s’enfuir, quitter cette famille forcée. Le retour au sein du foyer de sa soeur la perturbe. Réapprendre à vivre sans les règles fixé par le gourou -interprété par John Hawkes flippant à souhait-, réapprendre à vivre en société avec les comportements appropriés et les mots s’avèrent difficiles. Un parcours du combattant s’installe. Dur émotionnellement de tenir face aux mots, aux images du passé de Martha.
La trame se centralise sur la jeune Martha, sur sa vie. Les découvertes au fil et à mesure du film ne laisse pas indifférent. J’ai eu les larmes aux yeux à plusieurs moments. Les images sont dures. Les mots sont violents. L’endoctrinement, le retournement des idées et les blessures qui en découlent m’ont bouleversée. J’ai pourtant une demi-teinte sur certains points. Sean Durkin présente des actes comme le viol physique ou le lavage de cerveau, la chantage aux sentiments d’une manière dure et pourtant bizarrement tendre pour son héroïne. Martha Marcy May Marlene est somptueux. La photographie touche de par son grain timide, retenu et attentif à son héroïne. Le réalisateur présente des seconds rôles épatants comme Brady Corbet.
La musique entraîne et suit les pensées de Martha à la perfection semant parfois le trouble. Pour une premier film, le réalisateur signe une oeuvre digne d’une perle qui a le mérite de surprendre et de pousser à s’interroger sur les sectes. Quelles seraient nos actes à la place de Martha Marcy May Marlene ou de sa soeur? Ni l’une ni l’autre n’ont un rôle évident. La vie dans tous ses états: La vie après la secte. La vie au retour à la normal. La vie dans la société. La vie loin d’une maison en autarcie. La vie en dehors d’un groupe est transcendée à l’écran d’une manière particulière qui m’a marquée.
Note: 7/10
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