L’oeil invisibile m’a surprise. Le sujet du film, le traitement et les acteurs ont un côté étonné dont je ne m’attendais pas du tout à la tournure de l’histoire. L’oeuvre de Diego Lerman est étrange. Je ne sais comment l’exprimer, de ses personnages à l’image tout semble être dans un univers à part, en décalage, dans un format assez gris presque austère. J’ai parfois pensé à des religieux dans un monastère en voyant les élèves déambulaient. Le côté glauque, triste des divers salles a accentué mon malaise. La mise en scène est brillante. C’est une immersion totale dans la peau de l’héroïne interprétée par Julieta Zylberberg.
Le pensionnat argentin prend le visage d’un lieu clos, angoissant, répressif et limite dépressif. Il symbolise dans un sens la dictature militaire qui sévit en dehors des murs. L’oeil invisible navigue dans très peu d’endroits: l’appartement des parents de Maria, l’établissement scolaire et un bar. L’atmosphère s’en ressent, intimiste, très fermée. Clin d’oeil à la politique Argentine, les espaces surveillés sont omni-présents. Tellement qu’ils rendent quasiment difficile de visionner le film. Les tourments de l’héroïne s’amplifie avec les endroits choisis, ils se referment et poussent à s’immerger dans la personnalité de la jeune femme. Le huis-clos est oppressant comme les sujets traités.
Les thèmes abordés dans l’oeil invisible sont multiples. L‘assujettissement de Maria (serait-elle à l’image du peuple argentin) marque, du moins c’est ce qui m’a littéralement scotchée.
Julieta Zylberberg. joue une jeune surveillante emprise à des désirs, des frustations, tourmentée, elle m’a mis mal à l’aise tout en ayant envie de la serrer dans mes bras. Etrange sentiment comme tout le film. L’image psycho-rigide, d’être droit impassible et intransigeante de la protagoniste principale déroute. Le trouble m’a subjuguée. Le pire, du moins l’apothéose a été la fin. Je ne pensais pas du tout que le récit arriverait à cette surprenante tournure. Osmar Núñez est effrayant dans son rôle de directeur. Un monstre sous son apparence tranquille, manipulateur, brute, il est le chasseur. J’ai eu l’impression terrible de voir Julieta Zylberberg en proie qui se bat tout en se dirigeant vers l’abattoir.
L’oeil invisible sème une ambiance angoissante, parle habillement des non-dits, des regards de l’autre sur soi. Sur ces personnages de l’ombre qui surveillent, voient tout mais à quel prix? La liberté est-elle vraiment là quelque part? Une fiction dure à apprécier de part son atmosphère, son histoire et la tournure des événements. Rien que pour les performances des acteurs et la critique de l’Argentine, il peut être intéressant de voir le film.
3 Moop raisons de voir l’oeil invisible:
- Julieta Zylberberg en jeune surveillante représente tellement dans ses non-dits, ses regards et ses attitudes
- le huis-clos qui dénonce la révolte qui gronde
- la fin surprenante
3 Moop raisons de voir l’oeil invisible:
- Le traitement austère
- Le récit sombre d’une période politique de l’Argentine à mots couverts
- La fin surprenante
Note: 7/10
Film disponible en DVD le : 19 octobre 2011