Youngjak est le secrétaire de Madame Baek, dirigeante d’un puissant empire industriel coréen. Il est chargé de s’occuper des affaires privées de cette famille à la morale douteuse. Pris dans une spirale de domination et de secrets, perdu entre ses principes et la possibilité de gravir rapidement les échelons vers une vie plus confortable, Youngjak devra choisir son camp, afin de survivre dans cet univers où argent, sexe et pouvoir sont rois…
Je ne suis pas une habituée du cinéma de Im Sang-Soo, je n’ai pas vu la plupart de ses films, j’ai The Housemaid à rattraper notamment. Je me suis laissée transportée dans les déboires d’une famille mafieuse coréenne avec plaisir. L’atmosphère qui s’installe dès le début est glaciale, les couleurs contrastes et accentuent cette sensation de froid. Les jeux de noirs, blancs et rouges sont subliment et transportent la vue. Le spectacle tient en haleine, posant ses personnages dans une trame d’échiquiers lentement, doucement et avec brio.
Le regard sur le pouvoir déstabilise. Il est porté aux nues par une femme qui offre une image de la mère à donner des sueurs froides. Yun Yeo-Jung est captivante, effrayante dans son rôle. Elle m’a littéralement mis en tête les femmes italiennes, les mamma, à l’exception que son bonheur pécunier passe avant toute chose. Son personnage est incroyablement sombre, cruel et froid tout en étant posé, calculateur. La chef de famille mène à la baguette tout son petit monde. Le portrait des membres est immoral, lourd, abject, il est noir comme les corbeaux. L’ivresse de l’argent détonne, marque les esprits en transportant le spectateur dans une satyre coréenne puissante. Des longueurs se présentent. Les sentiments n’ont pas de place, les émotions ne transparaissent jamais. La froideur des sens, peut déconcerter.
Personnellement, j’ai apprécié, cette retenue, cet enfermement des sensations au fond de soi. A l’extérieur tout est calme, serein alors que les protagonistes ressentent un revirement au plus profond de leurs êtres. Youngjak, le secrétaire privé et Nami, la fille en sont un parfait exemple. L’argent perverti le monde, il change et modifie les hommes. Il éloigne les uns des autres. J’ai été touché par cette solitude du père, de la mère et des enfants vivent. L’ivresse de l’argent le démontre avec une aisance assez déconcertante.
Note: 7 /10
3 Moop raisons de voir:
- l’esthétisme des images remarquablement mise en scène.
- les personnages de Youngjak, le secrétaire privé, Nami, la fille.
- une satyre coréenne bien posée des classes sociales
3 Moop raisons de fuir:
- l’aspect froid
- le manque d’émotions crié au monde
Sortie: 23 janvier 2013/ Distributeur: Wild Side Films / Le Pacte/ Genre: Drame
Plus d’informations (soure Allocine)
Im Sang-soo a voulu appeler son film L’Ivresse de l’argent pour l’inscrire dans le contexte politique et social de son pays : « L’actuel président coréen a souvent été comparé à Silvio Berlusconi, car c’est un nanti qui avait promis aux Coréens de les rendre aussi riches que lui. Mais finalement, seuls ses amis intimes se sont enrichis, et la Corée s’enlise dans le marasme, entre chômage et conditi… Lire la suite
En guise de références à L’Ivresse de l’argent, Im Sang-soo ne cite pas de films ou de cinéastes en particulier mais plutôt des auteurs comme William Shakespeare et Honoré de Balzac : « (…) je voulais retrouver les personnages classiques et le souffle épique de [ces] œuvres », explique le cinéaste.
Autres avis:
Ciné-toile
Casting:
Hyo-jin Kim, On Ju-wan, Yun Yeo-Jung, Yun-Shik Baek