[Avis] L’ile de Giovanni de Mizuho Nishikubo

Synopsis:

1945 : Après sa défaite, le peuple japonais vit dans la crainte de l’arrivée des forces américaines. Au nord du pays, dans la minuscule île de Shikotan, la vie s’organise entre la reconstruction et la peur de l’invasion. Ce petit lot de terre, éloigné de tout, va finalement être annexé par l’armée russe. Commence alors une étrange cohabitation entre les familles des soldats soviétiques et les habitants de l’île que tout oppose. L’espoir renaît à travers l’innocence de deux enfants, Tanya et Junpei …

L'Île de Giovanni - Affiche

Avis:

L’ile de Giovanni de Mizuho Nishikubo est le drame à voir sur les écrans fin mai. Une petite pépite à découvrir avec sa boîte de mouchoirs. L’île de Giovanni est un magnifique dessin animé dans la lignée du Tombeau des lucioles. Attention, le sujet est sensible. Nous serions (notre côté maman qui parle, désolée) portés à le conseiller aux enfants à partir de 7 voir 9 ans. Le long métrage d’animation traite d’une histoire vraie se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale de 1939-45 au Japon. Durant cette période, certaines îles ont été occupées par des soldats russes et ce fait a entraîné des répercussions.

Nous suivons Jumpei. Le jeune héros tient son prénom de Giovanni, le personnage principal du livre préféré de son père Train de nuit dans la Voie lactée de Kenji Miyazama. Le garçon voit son existence transformée par l’arrivée des Russes en septembre 1945. Notre regard se glisse sur ses réactions, ses découvertes, les rencontres qui ponctuent son quotidien. Nous suivrons son coup de coeur pour sa voisine Russe. Nous aurons des papillons, des larmes aux yeux, des sourires et des rêves devant nous.

Le récit se pare de mille facettes. Les scènes sont habilement écrites. Jamais dans le mauvais sens du larmoyant, tout dans l’émotion, dans la fragile limite des sentiments, jamais un seul parti pris se dégage. Les deux mondes Japon et Russe ne sont pas dépeints comme des méchants. Ici, personne n’est bon ou maléfique. C’est les situations qui se montrent tragiques, horribles parfois, sombres, difficiles à supporter. Les enfants servent d’encre entre les deux peuples. Les enfants sont cette parcelle d’espoir, cette parcelle d’innocence qui chamboule, et réunit. La petite boule d’émotion se forme par moments, dans la gorge, les larmes perlent le coin des yeux face aux aventures, comme le cours de chant dans l’école. Les barrières se figent, s’effacent pour les jeunes. Pas de clans, uniquement de la musique partagée. Ca retourne. Ca secoue.

L’île de Giovanni touche, émeut. Les mouchoirs s’humidifient. Si comme nous, vous avez une sensibilité, des pans sont durs à regarder sans avoir un voile de larmes devant nous. Et paradoxalement, c’est une tristesse réaliste qui se teinte sur la pellicule. A d’autres moments, les yeux pétillent devant l’humour, les actions, et les piques des protagonistes. L’un des acteurs de l’aspect drôle permet de dédramatiser l’ambiance, de la rendre plus légère, moins oppressante repose sur l’oncle de Jumpei.

Au niveau de la bande son, les morceaux choisis sont excellents pour accompagner le drame, la tension, les points doux de la trame. La grosse force tient dans les chansons des enfants japonais et russes. La musique se pare alors d’une magie, d’un son féérique qui illuminent les scènes animées.

Visuellement, l’animation offre un spectacle à chavirer les coeurs. Les paysages, les décors, la restranscription de la seconde guerre mondiale bluffent. La beauté des traits graphiques chavire les sens. Santiogo Montiel offre un style étonnant, avec des personnages (la différence de traitement entre les adultes et les enfants permet un contraste entre la guerre et la paix), des couleurs, des formes presques irréelles par instants. C’est comme une porte vers un autre monde, loin du quotidien dur, une porte magique qui permet de s’envoler vers d’autres lieux. C’est saisissant, émouvant et captivant.

En résumé:

L’île de Giovanni possède des atouts charmes: son graphisme rayonnant de beauté. Sa photographie apporte une touche remplie de poésie. Sa musique. Son scénario offrant une vision d’une monde de cohabitation après guerre. Son ton sans être moralisateur, il permet d’aborder un pan de l’Histoire avec un grand H. Son panel de sentiments: joie, tristesse, mélancolie… A découvrir absolument et sans hésiter pour voir que les films d’animation peuvent traiter de sujets graves et ne sont pas que pour les miniatures.

Note:

8/10

Informations:

Sortie: 28 mai 2014 / Distributeur: Eurozoom/ Genre: Animation , Drame , Historique

Avec: Kota Yokoyama, Junya Taniai, Polina Ilyushenko

Conseillé à partir de 7 ans
(Sources communiqué de presse)
Adapté d’une histoire vraie, L’île de Giovanni raconte l’histoire des habitants de la petite île de Shikotan (dans l’archipel de Sakhaline) annexée en 1945 par l’Union soviétique.
A travers le point de vue de deux petits garçons japonais habitant l’île, le film retrace l’histoire de la cohabitation entre les familles russes et japonaises jusqu’en 1947 et les évènements qui suivirent.
Réalisé par Mizuho Nishikubo, ancien assistant réalisateur de Mamoru Oshii, L’île de Giovanni est un projet de longue date de Shigemichi Sugita, le scénariste du film.
Résultat de nombreuses recherches et témoignages, le film s’est inspiré de la vie de Hiroshi Tokuno, qui a vécu cette période avec son petit frère alors âgé de deux ans.
Pour donner vie à cette partie de l’Histoire, méconnue du grand public, l’équipe du film a fait appel à de nombreux talents, dont celui de Santiago Montiel,  directeur artistique français, pour les décors. Son style unique qui ressemble à des coups de pinceau, donne une atmosphère chaleureuse au film. Les personnages ont été créés par Atsuko Fukushima, qui a travaillé sur l’animation de Kiki la petite sorcière, ou Akira entre autres. Enfin c’est au sein du prestigieux studio Productions I.G. (Ghost in the Shell, The Sky Crawlers) que cette équipe a donné vie à L’île de Giovanni.
Film vu en VOSTF. Merci à Aurélia pour la découverte.

Le côté agréable de la VOSTF: le remarquable travail des voix. Il s’avère très plaisant d’écouter les longs passages en russe. 

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