Les saphirs est typiquement un de ces films dont vous allez à la projection en ayant des étoiles dans les yeux en lisant le synopsis avec un espoir d’avoir une oeuvre lumineuse. Enfin, je dis vous, mais je parle surtout de moi. Aux premiers abords, je m’attendais pas à un long métrage démentiel. J’avais même un peu peur vu les thèmes. Et j’aurai eu tort du début à la fin. Tort, car j’ai eu une des plus belles surprises de mon été. Je suis ressortie de la salle complètement sous le charme. La musique tient une place importante dans la séduction pour ma part, là j’ai été servie la bande son a une puissance incroyable. Elle complète à merveille un casting d’acteurs sympathiques. J’ai été surprise, très agréablement de me trouver face à un assemblage digne d’un petit bijou s’inspirant d’une histoire vraie et du passé d’un pays comme l’Australie.
Australie, 1968, trois sœurs aborigènes : Gail, Julie et Cynthia et leur cousine Kay, sont découvertes par Dave, musicien irlandais au caractère bien trempé, amateur de whisky et de soul music. Dave remanie le répertoire du groupe, rebaptisé « The Sapphires », et organise une tournée dans les zones de guerre du Vietnam du Sud. Dans le delta du Mékong où elles chantent pour les marines, les filles déchainent les foules, esquivent les balles et tombent amoureuses.
Les Saphirs m’ont permis de découvrir une période de l’histoire dont j’ignorais totalement l’existence. Le film se penche sur les aborigènes, sur leur lutte pour être reconnu et plus particulièrement sur leurs enfants. J’ai appris que toute une génération d’enfants étaient volés à leur famille avant les années 70. Une génération perdue en Australie, retirée à leur famille car à l’apparence de couleur claire, elle était élévée au sein des blancs. Les enfants d’Aborigènes australiens furent kidnappés, happés de leur foyer d’orinigne pendant près d’un siècle. Les raffles ont commencé en 1869 jusqu’en 1969.- psst j’ai cherché ça m’a marqué pendant l’énoncé dans le film- Ils étaient poussé au christianisme, coupé les ponts avec leurs origines et devenaient des blancs, pas des « négro » comme le cite un soldat dans le long métrage. Un déracinage complet à un prix incommensurable.
Wayne Blair réussit à transposer à l’écran avec tact, douceur et pudeur le traumatisme familial qu’un tel événement peut créer. Comment trouver sa place? Les enfants volés perdent leur appartenance à un peuple, à une culture. Ils ne sont ni vraiment blanc ni noir, ils sont eux. J’ai trouvé l’actrice interprétant Kay( Shari Sebbens) particulièrement attendrissante et émouvante. Le poids du drame se sent, délicat, comme une blessure ouverte mais enfouie. Elle tente de se reconstruire une identité. De vivre, tout en connaissant le chagrin d’avoir quitté de force sa famille. Une partie de sa rédemption viendra de la musique. Le groupe formée avec ses cousines lui ouvrira un nouvel horizon.
Au départ, j’ai souri avec le choix de la Country, surtout avec l’affiche et les paillettes, j’ai plus le look cow-boy en tête quand j’entends des morceaux de ce style de musique. La Soul viendra assez vite la remplacée. La Soul réussit à mettre les blancs et les noirs sur le même plan. Peu importe la couleur pour vibrer. Otis Redding, Jackson 5, James Brown, ou Aretha Franklin, de Marvin Gaye, de Sly and the Family Stone sont la dans l’inspiration des notes. J’aurai pu fermer les yeux et les voir.
J’ai craqué sur le casting: Chris O’Dowd, Deborah Mailman, Jessica Mauboy, Eka Darville, Miranda Tapsell,Nioka Brennan, Shari Sebbens, Tanika Lonesborough, Tory Kittles. J’ai eu un vrai coup de coeur pour les acteurs. Chaque protagoniste ossède un capital sympathie, dynamique et qui donne le sourire malgré le fond de guerre. J’ai adoré Chris O’Dowd dans le rôle de Dave, manager improvisé, présentateur en mal de talent, sa relation houleuse avec Gail (Deborah Mailman ) est une lumière pleine d’espoir, de tendresse et de rire. Les deux personnages sont tellement opposés que j’ai pensé qu’ils allaient soit finir par se coller un pain soit par tomber amoureux, je vous laisse deviner l’option choisie. Au fil des minutes, Gail, sous ses allures de grande gueule du groupe s’avère une louve fragile. Elle cache des fêlures. L’actrice les met merveilleusement à l’image entre voile et pudeur. Le rythme n’est pas toujours des plus concordant, néanmoins, il ne manque pas de peps. Le séjour au Vietnam lors du conflit, avec les nombreux concerts, laisse entrevoir l’isolement des soldats, la lueur que les Saphirs leur apportent avec leurs chansons. La Soul les transporte loin des violents assaults, des bombes, des morts. Et nous aussi. L’amour s’invite, il permet de présenter les relations blanc/noir, le racisme, les libérations sexuelles, la maternité…
La musique m’a emmenée dans un voyage digne de Good Morning Vietnam ou Forrest gump. Les Saphirs m’ont donné une frite d’enfer. J’ai souri, j’ai ri, j’ai vibré aux histoires d’amour, aux amitiés, aux regards des hommes, aux douleurs des familles. J’ai eu le sentiment d’une grande bouffée de chants, de danses, j’ai eu envie de rencontrer les vrais aborigènes. J’ai eu le sentiment de ressortir un peu moins crétine de ma séance. Je n’avais pas idée des souffrances d’ailleurs le terme aborigènes. Certaines scènes et dialogues sont dures, le ton se fait témoin, sans être accusateur, il présente les choses simplement. Les Saphirs forment une histoire émouvante avec une dose de culture qui donne envie de sourire à la vie.
A noter: Tony Briggs, prend la place de scénariste sur l’adaptation de sa pièce de théâtre. L’auteur s’est inspiré de la vie de sa propre mère, de sa tante, et de deux de leurs cousines. L’oeuvre fictive a subi quelques transformations notamment les 4 personnages principaux devenus 3 sœurs et une cousine qui a « rompu » le lien avec le reste de sa famille.
Note: 9/10
3 Moop raisons de voir les saphirs:
- Pour les histoires d’amour drôles, touchantes, sincères
- Pour la bande originale
- Pour découvrir la génération volée des enfants aborigènes
Casting: Chris O’Dowd, Deborah Mailman, Jessica Mauboy, Eka Darville, Miranda Tapsell,Nioka Brennan, Shari Sebbens, Tanika Lonesborough, Tory Kittles
Sortie: le 8 août 2012.
Distributeur: Diaphana.
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