[Avis] Les Révoltés de l’île du Diable (Kongen av Bastøy) les enfants sont des numéros

Une part de moi déteste voir les films avec des enfants, cette parcelle qui a envie de les couver, les protéger, les materner. Mon regard se teinte d’un voile, j’aimerai pouvoir serrer dans mes bras tous les petits ou grands poussins qui subissent des malheurs. Mon côté bisounours, en vrai, je fonds littéralement sur certains sujets. Je suis une carpette. Les Révoltés de l’ile du diable ont titillé mon point sensible. Car oui, c’est un défaut, mais je me soigne, j’évite un maximum toutes les oeuvres qui parlent progénitures. J’ai vu Polisse à reculons par exemple, avec une armée de mouchoirs. Je sais, c’est paradoxale pour une mère, peut-être justement pour cette raison, je prends du recul, je me monte une carapace pour ne pas pleurer bêtement et me dire que le monde offert à mes minis n’est pas si monstrueux. Je tenais à voir le film de Marius Holst, une tendance maso ou les mêmes raisons qui font que j’ai vu Sleepers, The box... Inspirée d’une histoire vraie, le récit de cette prison m’a retournée.

Synopsis et détails
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Hiver norvégien, début du 20ème siècle. Dans la maison de redressement de Bastoy, un nouveau détenu pousse les autres à se révolter contre une direction autoritaire et brutale. Une violente émeute commence alors mais jusqu’où sont-ils prêts à aller ?

Les espaces enneigés se prêtent à l’isolation des jeunes enfants, des adolescents et adultes en devenir. L’immensité glacée présage rien de bons sur les traitements endurés entre les murs de l’établissement.  La gamme des couleurs qui nait sous la caméra appuie sur les sentiments des protagonistes. Les monochromes noir/blanc, puis les couleurs orangées accompagnent l’évolution de pensées des jeunes garçons. Les gardiens n’aident pas à cacher les sombres secrets qui se devinent derrière leur visages souriants. Les enfants perdent leur nom au détriment de numéro. Comment peut-on rabaisser un être de cette manière? le priver de son identité? Benjamin Hesltad (Earling n°5) refuse de perdre son nom, sa performance est remarquable. En face de lui Trond Nilssen se transcende, plus réservé, il réserve une métamorphose et un lourd secret.

Devant les Révoltés de l’île du Diable, j’ai eu envie de crier, envie de partir, de sauver tous ses êtres punis parfois pour le vol d’une pomme à des tâches trop cruelles pour le crime. Envie d’attraper une barque et d’emmener tous les numéros ailleurs loin de leurs geôliers. J’ai vu le côté noir des hommes. Le surveillant interprété par Kristoffer Joner m’a mis mal à l’aise dès la première scène, Stellan Skarsgard tente de mener son établissement sans forcer, admirable dans sa lgne. Un aspect froid, brute et effrayant de la nature humaine se mélange à l’environnement, ce dernier permet d’accentuer le malaise. Mon coeur s’est serré à plusieurs reprises. J’ai eu des larmes, j’ai eu des émotions. J’ai senti mon palpitant souffrir des énoncés, des dérives des comportements des adultes, des mots couverts. Les scènes sont à la limite du supportable sans montrer les sévices. Je n’aurai pas tenu si tout avait été dévoilé en images. Alors, oui, je suis une guimauve, oui je suis un coeur tendre, j’ai été éprouvée. Je me demande comment les survivants ont pu trouver la force de se battre, de se sortir de cette spirale de violence. La fin à la fois triste, bouleversante et cruelle possède une petite once d’espoir. (toute petite, petite…)

Bastoy l’établissement dont s’est inspiré le réalisateur a fermé en 1970. Il est resté ouvert pendant près d’un siècle, nombreux sont les destins qui sont passés sur les bancs du redressement. Les Révoltés de l’île du Diable dépeint un tableau qui a existé, il édulcore certainement des passages, en inventent d’autres, néanmoins une palette d’émotions nait quand on le découvre.

3 Moop raisons de voir Les Révoltés de l’île du Diable (Kongen av Bastøy)

Film dur, éprouvant basé sur une histoire vraie
Les enfants même s’ils commettent des erreurs ne sont pas de simples numéros, fermez les yeux ne retirent pas le mal
Des acteurs brillants, bluffants et criants de combattivité. Mentions spéciales pour les deux jeunes Benjamin Helstad et Trond Nilssen.

3 Moop raisons de fuir Les Révoltés de l’île du Diable (Kongen av Bastøy)
Quelques longueurs qui m’empêchent de donner une note maximale.
Fin cruelle dans la lignée du sujet, trop peut-être, l’illusion d’espoir me raccroche à une étincelle de vie meilleure.
Accrocher votre âme pour supporter les sévices infliger aux Révoltés.

Note: 9/10

© Les Films du Losange

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