Risk m’a touchée. Fleur Ferris a su donner vie à un récit qui marque l’esprit, même après avoir refermé le livre, l’histoire reste imprimé dans un coin de la tête. Intense. Percutant. Rempli d’émotions. Les yeux se parent à plusieurs reprises de larmes. Le cœur se serre. A notre époque moderne où les réseaux sociaux sont de plus en plus omniprésents, où les jeunes ou plus âgés s’épanchent parfois un peu trop facilement derrière leur écran d’ordinateur, de tablette ou de smartphone, Risk apparaît comme une mise en garde à placer entre toutes les mains sans distinctions d’âges. C’est une belle claque, qui sous ses airs de d’amitiés brisées cache un fond brut les dangers d’internet.
Synopsis:
Taylor et Sierra sont meilleures amies depuis toujours. Même si Taylor en a parfois un peu marre : pourquoi est-ce toujours Sierra qui obtient tout ce qu’elle veut ? Notamment ce Jacob Jones, qu’elles ont rencontrées ensemble sur un chat en ligne. Évidemment, c’est Sierra qui, encore une fois, décroche un rendez-vous ! Mais le lendemain, Sierra ne rentre pas. Le jour suivant, toujours pas de nouvelles… Son amie a une fâcheuse tendance à vivre comme bon lui semble, sans forcément penser à prévenir les autres. Est-ce que Taylor ne s’inquiète pas pour rien ? Seulement au bout de trois jours, Taylor doit tout avouer aux parents inquiets, et les deux familles se retrouvent plongées dans un monde qu’elles n’auraient jamais cru connaître. Celui des enquêtes policières, des témoignages, des indices, de la recherche d’un ravisseur… ou d’un tueur ?
Mon avis:
Taylor et Sierra sont fascinantes. Elles entraînent le lecteur dans une aventure poignante. Au fil des chapitres, les bouleversements retournent les neurones, poussent à s’interroger sur cette génération en mal d’amour, d’amitiés, d’un geste d’attachement et le cherche par tous les moyens sans se soucier de se brûler les ailes. Risk aurait très bien pu être un fait divers réaliste, emprunté à la vie quotidienne. Il s’avère si juste, si proche, si bien décrit qu’il est difficile de croire que c’est le fruit d’une imagination. Les émotions se bousculent en lisant le roman. Fleur Ferris réussit à entraîner dans l’enquête de Taylor avec brio. Les mots tombent pile, délicatement parfois, avec force à d’autres moments, ils offrent un écrin superbe à la trame qui se déroule sous nos yeux.
J’ai eu plusieurs fois des pincements, des larmes de me dire que des Sierra il y en avait des milliers de gamines dans cette situation. Des dizaines d’enfants pas encore totalement adultes confrontés aux dangers de la toile. Sans trop en dévoiler, c’est complexe d’expliquer comment une part de moi a été touchée par le récit. J’ai pensé à toutes ses jeunes filles en quête d’attention, à toutes ses connections, ses petits échanges anodins, ses déballages sur le net quasiment quotidiens de certains adolescents.
(Adulte aussi… mais là, Risk se penche essentiellement sur la version jeunes adultes, pas encore totalement grands, tout juste sorti de l’enfance…). Ma part de maman a crié, a souffert, a trouvé que Fleur Ferris dépeignait parfaitement, avec habilité, simplicité et sans se montrer pompeuse, lourde, moralisatrice, les dangers réels d’internet. Les tournures, les phrases, les personnages, forment un ensemble qui fonctionnent, appuient sur la difficultés à se créer une identité sur la toile, sur les méfaits pouvant se produire, avec un style qui marque. Profondément. Irrémédiablement.
Internet n’est pas tout rose, ni tout noir. Il existe du bon et du mauvais. Toutes les rencontres sur la toile ne sont pas à jeter. Certaines se déroulent très bien, d’autres tombent dans le sombre. Non, l’auteur réussit très bien à le démontrer. Elle ouvre les yeux sur les dangers, les dérives, sur la facilité de se lier. Fleur Ferris met en garde, souligne qu’il y a une différence entre un inconnu croisé dans la vie quotidienne et sur le net. La nouvelle génération semble dépourvue de cet instinct de méfiance, de se garder un jardin secret, de ne pas tout dévoiler. Les héroïnes de Risk donnent le visage d’un pendant de leur génération, oubliant les bases de sécurité pour oublier, pour trouver quelque chose et perdre leur solitude. Du moins, c’est ce qui se laisse entrevoir. L’impression d’être un vieux croûtons les sermons servent parfois à ne pas franchir les limites, à se sauvegarder une part à soi. La jeunesse ne doit pas apprendre dans le drame. La leçon se pose douloureuse.
Au final, Risk m’a surprise. Le récit m’a happée dans son univers. Je me suis attachée à Sierra, Taylor et les autres personnages croisés en route. Je suis ressortie de ma lecture avec un énorme coup de cœur. Fleur Ferris dépeint une réalité qui pourrait toucher n’importe qui ayant accès à internet. Son ton se voile d’une douceur délicate, émouvante, qui bouscule un peu et force à s’interroger sur les rapports avec la toile. Le témoignage fictif mis en scène frappe par sa justesse, son émotion. Il m’a bouleversée. Je vous le conseille, lisez-le ! Offrez-le ! La collection Hugo New Way parvient à sensibiliser sur des sujets dans l’ère du temps avec brio, sans jamais tomber dans la morale facile. Foncez !
Remerciements à Marion des éditions Hugo pour sa confiance.
Ma note:
10/10
Coup de coeur
Informations:
Auteure: Fleur Ferris
Traductrice: Anais Goacolou
312 pages
Editions : Hugo roman new way
Collection : New Way
Date de parution: 3 mars 2016
Prix: 17 euros en version papier.
Disponible en epub.
Thèmes: Young Adult, Amitié, Disparition, Enquête, Site de rencontres
Biographie de l’auteur
Fleur Ferris a grandi dans une ferme de la province de Victoria en Australie jusqu’à ses dix-sept ans. Puis elle a déménagé plus d’une vingtaine de fois en vingt ans. Elle dit avoir découvert la face sombre de l’humanité en travaillant dans la police. Aujourd’hui, elle s’est installée dans une ferme au pays de Galles avec son mari et ses trois enfants.