Mel Gibson reste pour moi un des meilleurs acteurs, j’ai grandi avec sa filmographie. Il sera à jamais l’incarnation du frapadingue Martin Riggs ou de Max Rockatansky dans mon esprit. A la différence de beaucoup, je suis à l’ouest pour tout ce qui concerne sa vie privée, les grosses lignes je les ignore pas totalement (ses soucis d’alcool, son parti pris contre l’avortement, ses déboires sentimentaux). J’ai pas vu la parodie du Castor avec les menaces laissées à son ex, et je compte pas le faire. Nous avons tous nos pêtages de plomb, nos hauts et nos bas, après chacun son degré.
Quant à Jodie Foster, j’ai des souvenirs des échanges avec Claude François, mes frissons devant son rôle dans le Silence des Agneaux. Réalisatrice et actrice, elle présente un portait de famille qui vole en éclat d’une manière très originale. 2 parallèles se créent à mes yeux: la version adulte de Walter avec un Castor accroché au bras et Porter (Anton Yelchin) qui tente de ne pas devenir comme l’image paternelle. 2 univers qui se confrontent tout le long du film. Comme deux facettes, deux possibilités. 2 histoires d’amour sur fond de lien père/fils.
Le Complexe du Castor m’a fait penser à une thérapie, une présentation de Mel Gibson et de son double. La marionnette sert d’instrument pour s’exprimer. Le manipulateur devient une peluche mignonne au langage cru, au franc-parler, aux mots durs parfois. Un masque vivant dans un sens, s’empare de Walter. Dépressif, limite si son état nous donne pas envie de se coller une corde au cou tellement son mal être est palpable. Le Castor permet à l’acteur de dépasser ses craintes, ses envies morbides et ses soucis. Laissant la parole à sa marionnette, tel un Jiminy Cricket qui aurait plus de mordant. La voix du Castor a été choisie avec brio. Le nouveau Walter affublé d’une peluche qui parle est acceptée jusqu’à un soir. Le nouveau moi se substitue à l’ancien dépressif pour survivre, seulement, il y a des liens qui sont durs à couper. Le Castor en demande toujours plus. L’équilibre fragile a besoin d’une différence d’opinion pour basculer du mauvais côté.
Jodie Foster réussi le pari de ramener Mel Gibson sur le devant de la scène hollywoodienne. La réalisation montre une immersion dans la vie d’un homme brisé, blessé qui veut d’abord tout faire pour continuer à être heureux quitte à se mentir, à se cacher sous des traitements. La réalisatrice s’efface presque dans son rôle, la transparence se ressent plus sur le personnage de Walter, comme si elle le portait au delà de sa condition. Comme si, nous devions voir l’homme qui se cache derrière la facade tout sourire ou terne.
Basé sur une rencontre improbable, vous en croisez souvent vous des Castors parlant? le scénario du Complexe du Castor aborde les situations avec un regard particulier, je me suis immergée dans l’histoire. J’ai vibré, j’ai eu mal pour Walter et pour sa famille. Les possibilités dramatiques n’ont pas toujours été poussée à l’extrême, peut-être pour ne pas rendre plus sombre la situation. C’est mon seul regret. Mon coeur a palpité malgré tout. Un Mel Gibson talentueux, des personnages attachants, des événements percutants. A l’occasion d’une scène forte pour diverses raisons, Jodie Foster aurait pu pousser le drame plus loin, à mes yeux, même si l’ensemble touche déjà. Les âmes sensibles devront s’accrocher. Le Complexe du Castor est un drame familial pour adultes. Il prête à réfléchir sur nos vies à travers le personnage de Walter. Mel Gibson y apparaît bouleversant, renversant de sincérité et met des sentiments à fleur de peau.
Pour le côté moral sera sur la vie que tout s’arrange, elle est présentée avec une pointe qui m’a remuée. Combien de fois, je le dis à mes Moopys, combien de fois je les rassure, tout en sachant pertinemment que quelque part, je mens, car ça n’est pas toujours possible. Seulement c’est ça aussi d’aimer, d’être là pour supporter, aider et relever les autres. Le plus dur est d’accepter de ne pas être seul. Le duo Porter/ Nora (Jennifer Lawrence) ou Walter/ Meredith le démontre chacun à leur façon. Le message est superbement mis en scène dans le Complexe du Castor avec un Ashton Yelchin effrayant de ressemblance avec Mel Gibson. Dans le rôle du fils, il parvient à monter une facette plus jeune mais déjà si pessimiste et désabusé.
Si vous rêvez de voir un Castor au bras de Mel Gibson dans une performance à tomber, si vous aimez Jodie Foster, si vous voulez voir des acteurs de la nouvelle génération (Ashton Yelchin et Jennifer Lawrence) foncez voir the Beaver, il vous surprendra. Moi, j’ai été émue, aussi bien par la marionnette que par Walter rendu grandiose par un Mel Gibson comme dans mes longs métrages préférés sous l’oeil de Foster craquante en mère qui tente de sauver sa famille.
3 Moop raisons d’aller voir Le Complexe du Castor:
- Mel Gibson le grand retour de Martin Riggs, de Max Rockatansky, n’en déplaisent à certains pour moi c’est deux grands rôles!!!
- Un Castor mordant, un castor vivant, un castor qui a la main d’un quinquagénaire dans le derrière.
- Une magnifique histoire de dépassement de soi menée par des mains de maître par Jodie Foster
3 Moop raisons de fuir le Complexe du Castor:
- Parler avec une marionnette ou les ventrilogues vous effraient? fuyezzzz!!!!
- Des moments prévisibles
- Vous connaissez la vie des people? Vous verrez des similitudes avec la vie privée de Mel Gibson alors passez votre chemin si c’est pas votre tasse de thé.
Note: 8,5/10
ce film m’intrigue car j’adore également Mel Gibson
Merci pour cette critique très bien écrite.
C’est un film dont le scénario et la performance de Mel Gibson ont l’air de valoir le détour. Cependant je ne pense pas aller le voir pour la première raison de fuir ce film.
Je sais que ce n’est pas un ventriloque mais je les déteste et donc tout ce qui s’approche de près ou de loin à ça aussi… c’est trop pour moi le coup du castor, aucune mais aucune envie d’aller voir le film…
Formidablement bien écrit et interprété. Coup de coeur pour moi