Après une vie professionnelle bien remplie, la mémoire d’Emilio lui joue des tours. La maison de retraite devient alors une évidence. Il y rencontre Miguel avec qui il se lie d’amitié. A ses côtés, Emilio découvre un nouvel univers. Ses nouveaux amis sont pleins de fantaisie, ont des souvenirs aussi riches que variés, mais ont aussi leurs petites défaillances dues aux effets du temps. Alors que des premiers signes de la maladie d’Alzheimer apparaissent chez Emilio, Miguel et ses amis vont se mobiliser pour éviter son transfert à l’étage des « causes perdues », le dernier étage tant redouté de la maison de retraite. Leurs stratagèmes vont rythmer leurs journées et apporter humour et tendresse à leur quotidien.
Emilio perd la mémoire, il perd ses repères. Il oublie son présent pour retourner dans son passé. Son fils décide de l’emmener dans une résidence pour personnes du troisième âge. Le vieil homme, ancien banquier, se retrouve seul dans une nouvelle vie. Lors de sa première visite, son compagnon de chambre Miguel lui présente le mouroir. Ce lieu, où les personnes qui n’ont plus toutes leurs têtes, les Alzheimer, et autres soucis finissent, les dépendants. Mieux vaut mourir que d’y aller. Emilio l’ignore mais il souffre d’Alzheimer. Il a un traitement, il le prend sans savoir pourquoi. Il semble perdu comme un enfant. Paco Roca présenté dans son album une histoire à donner des frissons, sur la vieillesse et nos mémoires en devenir. Les descriptions sont mises en images par Ignacio Ferreras avec talent. J’ai eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises. L’humanité et l’émotion se côtoient à fleur de peau.
La musique accompagne l’histoire avec ses notes légères, pleine de douceur. La bande son appuie les différents caractères, les deux personnages principaux et leurs différences flagrantes. Emilio fragile, entre deux pans, le passé et le présent et Miguel sous ses airs bougons, il cache un coeur en or. L’humour de ce dernier rend moins dur les événements. J’ai souri à son parallèle: la chambre est une cellule et son « tu en as pris pour combien? » Car quelque part, les habitants n’ont pas choisi de venir ici, ils sont emmenés par leur famille, ils y resteront jusqu’à la fin de leur existence. Emilio doit réapprendre à vivre, tous les gestes du quotidien si simple, devenu un automatisme l’ont abandonné. Il perd ses chaussettes, accuse les autres, enfin surtout une personne.
Des petites critiques de la société se dessinent à travers des pics comme le tape à l’oeil avec la piscine, un gadget uniquement pour pousser aux inscriptions. Les personnes âgées n’ont plus accès à ses petits plaisirs. Elles séduisent les enfants mais le troisième âge n’y va pas. La tête en l’air est un magnifique film qui m’a émue. Il m’a retournée. Il traite avec charme, douceur de ses personnes qui perdent la tête avec l’âge. Parfois dur, voir très, le sujet est loin d’être une partie de plaisir, une ode à la vie, et pourtant, il transmet un message en nous faisant sourire. Car oui, le sourire est là, près des larmes, près des pincements au coeur, près des souvenirs qui se perdent et se modifient. Alzheimer est abordé avec délicatesse, cette maladie d’oubli, ce mal qui enferme, nous entraîne loin de souvenirs et nous emprisonne dans une gaule.
Les petits vieux, ne sont pas juste des petits vieux,ce sont des personnes avec un passé, des amis, des gens qu’ils aiment. Ils sont vivants, ils sont forts, ils ont besoin d’exister. Miguel apporte une bouffée d’air, un moyen de s’évader du quotidien morose. Le regard est tendre, émouvant et attachant. Chaque personnage possède son charme inéluctable, qui opère tranquillement. Le graphisme se fait doux et touchant pour appuyer les sentiments. A la fin du long métrage d’animation, une envie sert l’esprit: continuer à vivre, vivre avec ou sans ses souvenirs mais pas seuls, avec un ami ou un amour pour calmer les peines. Pourquoi n’aurions nous plus le droit de rêver parce que notre tête nous fait défaut?
Note: 9/10
Public: Dès 8/10 ans pour voir ce que les personnes deviendront en vieillissant, car on est tous une personne âgée en devenir.
3Moop raisons de voir La Tête en l’air:
- Pour le message transmis : « l’important est de ne pas sombrer »
- Pour le ton doux, lèger et dur à la fois sur la vie et la mémoire
- Pour croire que l’amitié et l’amour peuvent déplacer des montagnes
Plus d’informations: (source Allociné)
La Tête en l’air est l’adaptation de la bande dessinée éponyme de Paco Roca, sortie en 2007, qui a connu un grand succès dans le monde entier, et a été traduite en 10 langues différentes après être d’abord sortie en français. Le roman graphique a également reçu de nombreuses récompenses.
La Tête en l’air est un film d’animation sur la maladie d’Alzheimer, un sujet particulièrement sensible et difficile à traiter. « Ce n’est pas un film avec un « message », juste une réflexion sur la vieillesse, sur la dépendance, sur une maladie qui progressivement fait perdre tout ce que l’on a pu accumuler dans une vie, la mémoire, la personnalité… », explique le réalisateur Ignacio Ferreras.
A lire: le roman graphique chez Delcourt de Paco Roca. Une onde de douceur, une bouffée sur le futur du troisième âge qui nous attend.