La religieuse est l’un des livres que j’ai dévoré lors de mes années de lycée. Je me souviens encore des écrits de Diderot. Un de ses romans que vous choisissez parfois au hasard en cherchant une lecture. J’ai passé un nombre incalculable d’heures en bibliothèques et j’ai eu de belles surprises en ne me bloquant pas sur un seul type de récits. L’histoire de Suzanne était un de ses petits bijoux de découverte. L’adaptation de Nicloux me tentait, j’ai cédé à la tentation et vu son oeuvre.
Synopsis:
XVIIIe siècle. Suzanne, 16 ans, est contrainte par sa famille à rentrer dans les ordres, alors qu’elle aspire à vivre dans « le monde ».
Au couvent, elle est confrontée à l’arbitraire de la hiérarchie ecclésiastique : mères supérieures tour à tour bienveillantes, cruelles ou un peu trop aimantes…
La passion et la force qui l’animent lui permettent de résister à la barbarie du couvent, poursuivant son unique but : lutter par tous les moyens pour retrouver sa liberté.
Mon avis:
Guillaume Nicloux réussit à retranscrire le XVIIIe siècle avec talent. Le harcèlement que vit Suzanne est magnifiquement mis en image. Les mots trouvent un écrin à travers ses actrices sur grand écran: Le calvaire de la jeune héroïne prend aux tripes. Il m’a mis les larmes aux yeux. J’ai eu mal pour elle, mal pour son destin forcé. La Religieuse m’a bouleversée. Le calvaire de Suzanne est palpable, saisissant et traumatisant. Contrainte, l’adolescente sent qu’elle n’a pas la vocation, mais rien n’y fait, elle est obligée de rester sous les ordres. La suprématie de l’église étouffe ses cris, l’humilie et la soumet à des actes qui briseront son corps comme son âme. Je dois souffrir d’empathie pour avoir eu l’estomac retourner encore plus que lorsque j’avais lu le roman de Diderot, pour avoir eu la nausée et voulu sauver Suzanne.
Les femmes du XVIIIe siècle n’avaient pas leur mot à dire sur leur conditions de vie, un mariage avec la foi ou avec un homme ne leur demandait guère leur autorisation. Le visage de la religion en prend pour son grade. Le film possède une image à couper le souffle. J’ai été transporté dans un autre siècle avec plaisir. J’ai pensé à un peintre que j’apprécie énormément Georges de la Tour avec les éclairages à la chandelle, avec la vision intimiste et presque en huit clos du monde des religieuses. J’ai suivi les aventures de Pauline Etienne (elle est lumineuse, capture la beauté comme une étoile) avec attention. J’avais beau connaître la fin, j’étais captivée, happée par la détresse de l’actrice qui donne brillamment vie à le jeune fille née sous la plume de Diderot.
La perversité, les abords des relations sexuelles en portant le voile ou la soutane, la question de l’homosexualité, la soumission, les brimades, les combats intérieurs, les dialogues, les costumes offrent un très bel écrin à l’histoire de cette jeune fille de 16 ans qui ne voulait pas devenir bonne soeur. Les actrices comme Isabelle Huppert et Louise Bourgoin m’ont littéralement mis la chair de poule. La Religieuse s’avère sobre, sans prosélytisme, moderne et pose la question du poids de la religion catholique à un époque pas si lointaine. Necloux signe un long métrage bluffant.
Ma note: 7/10
Sortie: 20 mars 2013 / Distributeur: Le Pacte / Genre: Drame
Plus d’informations:
La Religieuse, adapté du roman de Denis Diderot publié à la fin du XVIIIe siècle, est le dixième film de Guillaume Nicloux. C’est la troisième fois que le réalisateur adapte un roman au cinéma, après Le Poulpe en 1998, inspiré de la collection de romans policiers du même nom, et Le Concile de pierre, adapté du roman de Jean-Christophe Grangé en 2006.
Un réalisateur à partGuillaume Nicloux a dirigé ses actrices principales de manière peu conventionnelle sur le tournage de La Religieuse, en donnant par exemple très peu d’indications au sujet de leur jeu. Il désirait également que les comédiennes ne soient pas maquillées, comme le décrit Louise Bourgoin, Soeur Christine dans le film : « Le matin, il venait au maquillage pour vérifier qu’on ne nous mettait aucun fond d… Lire la suite
- Un film de Guillaume Nicloux
- Avec Isabelle Huppert, Louise Bourgoin, Pauline Etienne et Martina Gedeck
- Catégorie Drame
- Durée 1h54
- Langue Français
- Réalisation Guillaume Nicloux
- Scénario Guillaume Nicloux, Jérôme Beaujour
- Directeur de la photographie Yves Cape
- Montage Guy Lecorne
- Producteur Sylvie Pialat, Benoît Quainon
- Costumes Anaïs Romand
- Musique Max Richter
Prosélytisme plutôt que « proxelytisme » ;-)
Prosélytisme plutôt que « proxelytisme »
;-)
Merci pour ta critique, je vais voir le film et lire le livre!
@Liloo merci pour la correction. Mon esprit était fatigué.