La Maison de la Tourelle possède une photographie qui m’a littéralement éblouie. Le ton, la lumière, les scènes, la mise en image, les plans s’avèrent sublimes. Les séquences en noir et blanc accompagnent à la perfection le drame qui se pose devant nos yeux de spectateurs. L’aventure de la dernière chance de ce jeune enfant, ce petit être abandonné par le destin, qui voit mourir sa mère. J’ai eu des larmes. Visuellement l’oeuvre d’Eva Neymann subjugue. Elle captive, elle séduit.
La réalisatrice Eva Neymann transpose à l’écran l’un des romans les plus autobiographiques de l’écrivain Friedrich Gorenstein. (une partie de ses oeuvres est parue aux éditions Gallimard)
Hiver 1944. Une mère et son fils de huit ans traversent l’Union Soviétique à bord d’un train pour rejoindre leur famille. Au cours du voyage, la mère tombe gravement malade et doit être hospitalisée d’urgence. L’enfant se retrouve alors livré à lui-même dans une ville inconnue et rapidement confronté au règne de la misère et l’indifférence.
Le récit est sombre, dur, difficile. J’avais eu l’occasion de lire Gorenstein, j’avais eu une énorme boule en le refermant. (Je sais, je lis de ces romans parfois… tout en sachant que j’aurai une pointe de tristesse, le coeur serré…) Le film impose une vision d’un long périple entre un adulte et un enfant bouleversant. L’espoir semble se noyer dans la noirceurs des paysages, à tel point que ça en est presque étouffant et déprimant. La dure réalité de l’époque, des lieux, des faits trouve un écrin dans le choix du noir et blanc. Le cadrage m’a étonné, il donne l’impression d’être à la hauteur du jeune héros, comme si nous suivions sa propre route, légèrement en retrait. Le jeune orphelin – je cherche mes mots- éblouissant, Dmitriy Kobetskoy illumine par sa présence la pellicule. Katerina Golubeva face à lui offre un rôle de mère sidérant de courage. (note tragique l’actrice est décédée deux mois après la fin du tournage).
Mon bémol est sur l’émotion, l’esthétisme visuelle vole la vedette. J’ai parfois eu le sentiment de ne pas ressentir tout le panel que j’aurai souhaité. Le petit garçon a une grosse part dans le charme du drame, il véhicule une bouffée d’envie de le sauver, de la câliner, de lui faire oublier le drame qu’il vit du haut de ses 8 ans. J’ai fini par craquer quand Dmitriy Kobetskoy sourit. De ce sourire d’un enfant simple, somptueux dans cette noirceur, il m’a marquée autant que la photographie d’un conte sombre enneigé. La Maison de La Tourelle ne plaira pas à tout le monde, cependant il a pour moi un petit attrait hors du temps, imparfait certes dans le ressenti, mais présent.
Note:
7/10
Plus d’informations:
Sortie: 20 novembre 2013/ Distributeur: A3 Distribution / Genre: Drame