La Comtesse, une perle réalisée par Julie Delpy, une belle vision de Elizabeth ou Erzebeth Bathory, une des premiers vampire pour beaucoup de personne. L’action se déroule au 17e siècle. Julie Delpy a un talent immense aussi bien en tant que réalisatrice que dans ses rôles, elle le prouve une fois de plus dans son dernier film. Le française signe un long métrage en costumes haut en couleur, magnifique et incroyablement lumineux en même temps. Un paradoxe. Le spectateur s’immerge totalement dans l’époque et les personnages.
Elizabeth Bathory d’origine noble est élevée dans l’idée que les serviteurs doivent punis, que la femme ne choisit pas son mari, que l’héritage de ses ancêtres doit être respecté. La guerre fait rage, un climat de terreur règne partout. Le mariage de l’héroïne avec un Comte féroce guerrier la rendra plus forte. La place du couple dans la monarchie hongroise gagne en galon. L’intelligence alliée à la force, le duo réussit à se rendre indispensable et craint par le Roi. Devenue veuve, la Comtesse se retrouvera à la tête d’une seigneurie puissante et convoitée. Une femme pour une telle puissance, ça n’est pas sans soulever des remarques des autres grands du royaume. Le procès d’Elizabeth serait un complot des hommes de pouvoirs. Une éviction du Roi et de sa cour. Julie Delpy prend le parti de présenter la vie de la comtesse ainsi. Une fin doucement programmé par les régents du monde dérangé de voir une femme au même rang qu’eux.
La rencontre avec un jeune homme de 20 ans Itsvan Thurzo changera le destin de la jeune veuve. Loin des salons, loin des convenances, sans avoir pris le temps d’aller jusqu’au bout de son deuil, Bathory cède à la passion. Pour la première fois, elle se libère, plus questions de se plier aux désirs de sa famille, elle vit pour elle. Istvan est le narrateur de l’histoire d’où l’importance de l’amour contrarié dans le film. Son père convoitait Elizabeth, un homme refoulé a parfois des réactions assez fâcheuses. Le père manipule son fils, il agit dans un but politique pour assouvir sa puissance et sa position. La chute de la Comtesse lui apporterait tellement plus que son élévation. Puis il ne peut oublier son éviction. La jalousie est un très bon leitmotiv pour parvenir à ses fins.
Le sang ne coule pas à flot. Il est montré fugacement à deux ou trois reprises. La façon dont il est porté à l’écran n’en demande pas un effet gore intense. Les gouttes suffisent à imposer un malaise, un froid. Le côté gothique des événements est dépeint d’une manière peu commune presque mystérieuse et éthérée. Entre les tortures des jeunes filles, les décors, les costumes, les répliques… Julie Delpy campe une Comtesse confrontée au temps qui passe, au corps qui se flétrit, à la mort inévitable des personnes. Pour palier à la décrépitude de son être, la femme cherche un moyen de se sustenter de l’hémoglobine de vierges. Elle leur vole leur essence pour s’en parer croyant devenir plus jeune, plus belle en se parant de rouge. Etrangement au fil des minutes, les sentiments s’inversent au lieu de détester cette criminelle, ce vampire d’un nouvel âge, je me suis prise d’affection pour cette femme, cette victime de la société et du regard d’autrui. J’ai aimé sa descente aux enfers par amour, ses craintes d’éternelle jeunesse. A la fois dérangeante et attirante, le charme de Bathory jouée par Julie Delpy m’a séduite. Les thèmes du sado-masochisme, de la sorcellerie, de l’amour homosexuel, le masochisme, des liaisons de la cour, des quêtes, des manipulations politiques, la folie, offrent un tableau large de la société qu’aurait pu être le monde au 17 e siècle. Particulier, j’en consens, par exemple, j’ai aimé l’ensemble, monsieur Moop a detesté. Trop sombre, trop funeste à ses yeux.
Les lumières, le visuels et les costumes mis en scène dans la comtesse m’ont remis en mémoire les tableaux de Rembrandt ou Rubens, et d’autres peintres flamands. De très belles images sombres mais néanmoins lumineuses par divers angles prennent vie sous le talent de la réalisatrice. L’ambiance intimiste se ressent et se resserre sur le public pour l’entraîner dans un mythe. Dommage de vouloir montrer un aspect vampirique qui n’est pas là. C’est mon seul point négatif dans l’aventure. J’aurai aimé voir la Comtesse mordante, je l’ai découverte femme et quelle femme. Une héroïne qui sombre dans la folie, se perd. L’ensemble offre une vision sur la vie de Elizabeth Bathory, laisse de questions en suspend. Et pousse à se demander si ça avait été un homme le procès aurait-il eu lieu?
Note: 9/10
Date de sortie cinéma : 21 avril 2010
Film déjà disponible en DVD depuis le : 2 décembre 2010
Film déjà disponible en Blu-ray depuis le : 2 décembre 2010
Réalisé par Julie Delpy
Avec Julie Delpy, Anamaria Marinca, Daniel Brühl.
Titre original : The Countess
Long-métrage français , allemand . Genre : Drame , Historique
Durée : 01h34min Année de production : 2009
Distributeur : Bac Films
Synopsis : A la mort de son mari, la comtesse Elizabeth Bathory se trouve à la tête d’un vaste domaine et
d’une immense fortune. Aidée de sa confidente, la sorcière Anna Darvulia, Elizabeth étend
progressivement son influence, suscitant chez chacun crainte, admiration et haine, pour
devenir la femme la plus puissante de la Hongrie du 17ème siècle – dictant ses conditions
jusqu’au roi lui-même.
Elle rencontre alors un séduisant jeune homme dont elle tombe éperdument amoureuse mais
celui-ci l’abandonne. Certaine d’avoir été délaissée car elle n’était plus assez jeune et belle.
Sombrant progressivement dans la folie, Elizabeth, à la suite d’un accident, se persuade que le
sang de jeunes vierges lui procure jeunesse et beauté. Elle commence à prendre des bains dans le sang des jeunes filles du château puis de la région. Débute alors une série d’actes sanglants
et diaboliques…
Merci à Cinetrafic pour le test DVD.