Sanna Lenken pose un joli ballet entre deux soeurs. Deux opposées. Deux jeunes filles différentes. Deux visions du monde. D’un côté Stella (Rebecka Josephson) jeune collégienne, un peu ronde, au visage encore doux de l’enfance, pas totalement grande mais plus une enfant. De l’autre Katja(Amy Deasismont), dix-sept ans, sportive, lycéenne, visage d’ange, lumineuse. L’une est enveloppée, l’autre fine et musclée. L’une rêveuse, l’autre fonceuse.
Synopsis:
Stella, 12 ans, rondelette et pas très sportive, voudrait ressembler à sa grande soeur Katja que tout le monde admire. Mais celle-ci cache un secret que Stella va découvrir et qui va bouleverser leur complicité.
Stella est une adolescente complexe. Elle renferme des défauts derrière sa petite frimousse toute douce. Elle idolâtre sa soeur Katja. Elle est fascinée par son talent, ses chorégraphie, sa grâce. Cette dernière la cherche, la taquine, parfois en appuyant sur des craintes esthétiques comme la moustache. Le moment est un mélange étonnant de tendre chamaillerie et de raillerie. Décalée, étonnant, le genre de scène typique entre deux frères et soeurs. Du moins, si j’en crois ma propre fratrie.
La jalousie émerge. Elle étouffe, elle modifie les liens. L’humour désarmorce tout d’abord les crises. Stella craque du haut de ses douze ans pour le coach sportif de trente-cinq ans de sa soeur Katja. Elle connait les prémisses des premiers amours. C’est dérangeant dans un sens. Etrangement déroutant de voir cette jeune fille en fleur, s’épanouir et songer à embrasser voir plus avec un homme qui pourrait être son père. Pourtant, le timbre ne se fait jamais moralisateur. Il appuie juste sur la découverte des sentiments amoureux, sur les premiers papillons…
Sous des apparences parfaites, Katja cache un secret. Au détour d’un événement, Stella le découvre. Son monde se bouscule. Son monde sombre. L’anorexie se devine tout d’abord, et se montre de plus en plus. Toujours avec un ton intime, sans vraiment pointer par des images brutes la réalité du mal de la patineuse. Non, plus en petite marque, en mot, en réaction, les couleurs accompagnent la transformation. Les relations se tendent. Les caractères s’échauffent. Les idées se bousculent. Les troubles alimentaires sont présentés sous un regard teinté de nuances.
L’anorexie se glisse dans un ballet, dans une danse entrechoquant les relations des deux soeurs. Les sentiments passent de l’admiration, la jalousie, la culpabilité. Le poids de la connaissance pèse sur les épaules de Stella. Le choc des conséquences des actes de sa soeur la tenaille. Et le spectateur sombre avec les deux héroïnes. La maîtrise du sujet s’avère prenante, saisissante. Les parents (Henrik Norlén et Annika Hallin) découvrent la souffrance de leur fille. La vérité les pousse à réagir. Ils démontrent que parents, nous ne savons pas tous de nos enfants. Notre progéniture a son univers, ses mystères, ses malaises, ses bonheurs.
My Skinny Sister est un film émouvant. Touchant sur un sujet délicat. Il aborde les changements de la vie, la réaction à chacun face à au quotidien. Il s’axe davantage sur le lien fraternel que les parents, c’est le seul petit reproche que je lui ferai. La détresse de tous les parties marquées se ressent avec une intensité qui prend aux tripes. La gorge se sert de nombreuses fois. Sanna Lenken dépeint magnifiquement les troubles alimentaires et les difficultés à les surmonter. Le charme repose sur ses deux jeunes interprètes, solaires, intenses et merveilleuses: Amy Deasismont et Rebecka Josephson.
Ma note:
8/10
Informations:
Date de sortie: 16 décembre 2015
Durée: 1h35min
Distributeur: Urban Distribution
Réalisateur: Sanna Lenken
Avec: Rebecka Josephson, Amy Deasismont, Annika Hallin
Genre: Comédie dramatique
Nationalité Suédois , allemand