Synopsis:
Du cirque au théâtre, de l’anonymat à la gloire, l’incroyable destin du clown Chocolat, premier artiste noir de la scène française. Le duo inédit qu’il forme avec Footit, va rencontrer un immense succès populaire dans le Paris de la Belle époque avant que la célébrité, l’argent facile, le jeu et les discriminations n’usent leur amitié et la carrière de Chocolat. Le film retrace l’histoire de cet artiste hors du commun.
Mon avis:
Chocolat se penche sur l’histoire vraie de Rafael Padilla premier homme noir à être sur le devant de la scène, à toucher du doigt la célébrité dans son duo de clowns avec Footit un homme blanc. Les premiers pas de Auguste et son accolyte se déroulent au début du 20ème siècle. Autre temps, autre mœurs, le monde décrit s’avère dur derrière le rideau.
L’ascension fulgurante de ce personnage est dépeinte avec force. Le regard reste captivité par la prestation de Omar Sy. Impossible de le quitter des yeux, de ne pas avoir envie de le suivre, de découvrir la fin. Même si le destin tragique se devine doucement. La gloire de cet enfant né esclave, vendu pour partir à Bilbao à 8 ans, semble apporter le bonheur à notre héros.
Le destin a mis sur la route de Rafael George Footit, clown blanc connu et expérimenté. Devinant le potentiel comique de Chocolat, il forme une équipe. L’un sera le tyran l’autre la victime. Le blanc frappe le noir. Le public en rigole et adore. L’assistance vient en masse, le succès suit avec l’argent, la reconnaissance. Du moins, en grosse partie pour Footit, Chocolat est relégué au rôle d’idiot. L’histoire de ses deux clowns ressemblent à une histoire d’amour, les prémisses sont prometteurs, elle s’installe avec ses hauts et bas. Le déchirement et la rupture n’en sont que plus touchantes. Dommage, que je n’ai pas eu toutes les étincelles du cœur brisé de les voir suivre chacun leur route. La descente aux enfers de Chocolat retourne, malmène. La lumière se joue complice de l’attrait de la gloire à l’assombrissement. Les images se fanent pour accompagner la plongée dans l’abîme de Chocolat. Comment exister en dehors de son nom ? Comment être Rafael ? Comment être aimé avec sa couleur de peau dans une société qui vous classe au rang de sauvages ?
Le sourire du clown se pare d’un délicat voile de tristesse. Le succès ne fait pas le bonheur. Derrière les rires du public se cache des êtres qui prennent conscience peu à peu de leur place dans la société, de cette attente de la bienséance. Le choc est brutal. Chocolat possède un attrait esthétique bouleversant, magnifique, retraçant une part de l’histoire à sa manière. Les décors, les costumes, les bâtiments font voyager dans une autre époque sans bouger de son siège ou avoir gagné le droit de monter dans la Delorean. Les scènes de cirque sont admirablement bien exécutées. C’est comme si la magie de l’enfance était palpable, vous savez ce temps innocent du rire facile ? Seulement, tout n’est pas tendre, tout n’est pas joyeux. Le sourire de façade cache bien des secrets plus durs.
Omar Sy incarne à la perfection Chocolat. Il déconcerte, étonne, fait vibrer d’émotions le cœur. Face à lui James Thierrée est bluffant dans son rôle de Footit. Son personnage intrigue, tout en retenu, plus dans l’ombre que son Auguste. Le duo offre une alchimie remarquable, touchante. Malgré tout, j’ai ressenti un pincement, car j’ai l’impression d’être passée à côté d’un chef-d’oeuvre, d’avoir mis le doigt sur un arc-en-ciel de sentiments sans réussir à tomber totalement sous le charme.
Ma note:
8/10
Informations:
Date de sortie 3 février 2016
Durée: 1h 50min
De Roschdy Zem
Avec Omar Sy, James Thiérrée, Clotilde Hesme
Genre Biopic
Nationalité Français