Another earth narre une bouleversante rencontre entre deux individus et deux univers. Rhoda Williams et John Burroughs naviguent dans des eaux totalement opposés jusqu’à un jour fatidique où tout bascule. Le jour de la découverte d’une deuxième Terre, leurs destins se croisent brutalement. Certains actes sont impardonnables. Les événements tragiques d’une nuit, d’une journée peuvent tout modifier.
Le film suit essentiellement des deux personnages principaux dans un traitement intimiste. Trop peut-être par instants comme si une bulle s’était fermée sur eux et uniquement eux. Ils ont chacun leur charme. L’histoire mise en image par Mike Cahill est un mélange savant dosé d’amour et de science fiction qui m’a touchée. Une part dans les deux mondes, une part dans les deux genres, bouleversantes. Une palette d’émotions s’installe au fil et à mesure des scènes. Rhoda et John (interprété par William Mapother vu dans Lost) passent par divers sentiments: remords, colère, pardon, peur, courage, espoir et émerveillement. J’ai été retournée par l’interprétation de Brit Marling. Délicieuse, mignonne, en proie à un traumatisme qui au lieu de l’enfermer la pousse à chercher la rédemption. Les circonstances sanglantes de la première rencontre avec John semblent plus vrai que nature, le choc est absorbé avec une force presque irréel. A mes yeux, le film a réussi à ne pas sombrer dans le mélodrame malgré son point atroce. La performance de l’actrice tient énormément dans mon accroche.
Le centrage sur les deux héros pourrait enfermer l’histoire pour certains. Pour moi, elle offre une évolution, les phases de la transformation intérieure s’installe doucement. Plusieurs moments m’ont attendri, m’ont séduite. Le partage dans la cuisine avec le récit du cosmonaute, le doute intérieur qui ronge Rhonda, sa solitude et de l’autre John avec son mutisme, sa tristesse infinie, son coeur gros. Quelle serait ma réaction dans la même situation? Pourrais-je continuer d’avance? Pourrais-je aimer un être qui m’a tout enlevé d’un battement de cils? Sommes nous vraiment heureux pour nous ou pour l’autre dans la vie? Dans la peau, de John, je me suis demandée si l’acte qui avait brisé son essence pouvait être pardonnable, si nous pouvions se reconstruire et oublier. Ou si un autre monde n’apportait pas une chance de revenir en arrière, de revoir ou de revivre des moments intenses en ôtant le négatif. Une part de philosophie pousse entre les lignes.
J’ai aimé l’idée d’un autre univers, de la possibilité d’avoir un double quelque part. Peut-être parce que c’est un thème récurrent dans les comics. La théorie des multivers est fréquemment traité dans les divers titres: Spiderman existe sur plusieurs planètes par exemple. Les super-héros ont un double, voir plusieurs, ils ont des destins différents avec des similitudes parfois plus ou moins remarquables, regardez les 4 fantastiques, Red est toujours un éminent chercheur. Un autre soi qui partage nos traits mais n’a pas suivi les mêmes traces, les mêmes choix. Brit Marling et Mike Cahill posent une multitudes d’interrogations. Ils cherchent à comprendre ce que l’autre ressent. Deux solitudes se rejoignent, deux coeurs brisés chacun pour un acte qui les a perturbé à un niveau différent. J’avoue que j’ai été un peu mal à l’aise devant l’évolution de leur complicité. Des questions me sont venues: Dans un univers parallèle, notre existence serait-elle meilleure? en quoi serions nous différents notre sosie et nous? Si nous avions connaissance de l’autre, notre vision de notre univers se modifierait-elle?
Another earth permet d’imaginer une multitude de possibilités du début à la fin. Le film aborde les sujets d’une façon délicate avec une magnifique bande originale de Fall on your Sword qui colle parfaitement à l’ambiance un peu décalée de l’histoire. La transformation intérieure de Rhonda, mais de John aussi a su me toucher. Les deux destins inextricablement liés jusqu’à la fin m’ont secoué. Leur évolution suit son périple, son voyage. La seconde Terre est pleine de promesses, les réalisera-t-elle? J’ai même versé des larmes. Le sujet, les réactions m’ont parlé avec une photographie très belle, malgré la violence des sentiments et de l’échange. Je suis sortie de la salle avec un tas de « et si, et si, et si???? » dans la tête et dans les yeux. Nous avons tous des regrets de nos actes passés, des envies de modifier un événement précis et de connaître un renouveau. Antoher earth prend le pari de tenter de transposer une vision sur grand écran. Les images sont superbes, les acteurs grandioses, l’histoire a suscité en moi un tourbillon d’émotions.
3 Moop raisons de voir Another earth
- Brit Marling et William Mapother émouvants
- Les thèmes abordés: le multivers, les doubles, la théorie du miroir brisé, la transformation
- Bande originale de Fall on your sword
3 Moop raisons de fuir Another earth
- Histoire intimiste
- Une étrange mélancolie peut s’emparer de votre coeur.
- Les thèmes abordés mixtes entre romantisme et science-fiction.
ps: Un vrai coup de coeur, dommage que si peu de salles le distribuent. 16 salles pour un si joli film, foncez le voir!!!! Les mots me manquent pour poser mieux mes sentiments face à Another earth, c’est une petite perle dans son style, un petit ovni doux qui pousse à se dépasser. Ce n’est que mon humble avis, chacun ressentira son propre attrait ou dégoût de l’ensemble. Mon coeur a fait son choix. Difficile de ne pas spoiler, j’espère ne pas avoir trop dévoilé de points.
Note: 9/10
Vous pouvez entendre la musique du film ‘Another Earth’ (la scène scie musicale) sur le site du compositeur: http://www.scottmunsonmusic.com/news/music-in-film-another-earth-soundtrack/