Au sommet de sa carrière d’acteur, Serge Tanneur a quitté une fois pour toutes le monde du spectacle. Trop de colère, trop de lassitude. La fatigue d’un métier où tout le monde trahit tout le monde. Désormais, Serge vit en ermite dans une maison délabrée sur l’Île de Ré… Trois ans plus tard, Gauthier Valence, un acteur de télévision adulé des foules, abonné aux rôles de héros au grand cœur, débarque sur l’île. Il vient retrouver Serge pour lui proposer de jouer «Le Misanthrope» de Molière. Serge n’est-il pas devenu une pure incarnation du personnage d’Alceste ? Serge refuse tout net et confirme qu’il ne reviendra jamais sur scène. Pourtant, quelque chose en lui ne demande qu’à céder. Il propose à Gauthier de répéter la grande scène 1 de l’Acte 1, entre Philinte et Alceste. Au bout de cinq jours de répétition, il saura s’il a envie de le faire ou non. Les répétitions commencent : les deux acteurs se mesurent et se défient tour à tour, partagés entre le plaisir de jouer ensemble et l’envie brutale d’en découdre. La bienveillance de Gauthier est souvent mise à l’épreuve par le ressentiment de Serge. Autour d’eux, il y a le microcosme de l’Île de Ré, figée dans la morte saison : un agent immobilier, la patronne de l’hôtel local, une italienne divorcée venue vendre une maison. Et l’on peut se prendre à croire que Serge va réellement remonter sur les planches…
Les joutes verbales entre Luchini et Wilson sont plaisantes. Elles m’ont presque fait oublier que Luchini joué éternel à lui-même, très théâtral dans ses gestes, trop à mes yeux. L’acteur m’a rendu lourd voir, quasiment impossible plusieurs scènes. Il a épuisé mon attention et titillé mon esprit. Alors que Wilson m’a littéralement subjuguée, captivée. Le duo se complètent à merveille, j’en concède volontiers sur ce point. Leurs rôles sont brillants, bien écrits et leur collent à la peau à la perfection. Je me suis intérogée sur leurs relations, si leur lien avait été sexuel à un moment… si leur coeur avait vibré l’un pour l’autre… Le brin de fraîcheur apportée par Maya Sansa rend plus léger ce huit-clos.
Alceste à bicyclette offre un visage moderne à Molière, le film est surprenant. L’affrontement de Serge et Gauthier divin apporte son lot de sourires. Par contre, je me demande encore où est parti le scénario, en dehors des disputes, des promenades à bicyclettes, de l’ile de Ré, de la merveilleuse italienne, je cherche le sens. L’intrigue ferait pâlir un mouchoir, et pourtant, j’ai accroché, j’ai souri, j’ai aimé les pics faits au cinéma, au théâtre. J’ai souri devant cette comédie drôle, cette belle amitié, cette verbe. J’ai voyagé. Mon bémol restera sur Luchini le volubile, malgré tous mes efforts, je n’arrive vraiment pas à accrocher à cet acteur, même si sa performance est remarquable, il a tendance à me bloquer. Le long métrage de Philippe Le Guay se promène sur le ton de la comédie et de la tragédie, le mélange détonne en étant savoureux. Le lien et l’amitié, la rivalité, l’égo des deux personnages principaux valent le détour, je ne regrette pas ma séance, même si pour moi, définitivement je passe sur certains acteurs.
Note: 7/10
3 Moop raisons de voir Alceste à bicyclette:
- les joutes verbales
- le duo Luchini/ Wilson
- les paysages
Sortie: 16 janvier 2013/ Distributeur:Pathé Distribution/ Genre: Comédie
Casting: Fabrice Luchini, Lambert Wilson, Maya Sansa, Camille Japy, Julie-Anne Roth, Patrick Bonnel, Philippe Du Janerand, Stefan Wojtowicz, Édith Le Merdy
Plus d’informations: (source Allociné)
Les deux personnages principaux qui composent la pièce de Molière s’opposent radicalement dans leur vision du monde. Le premier place la vérité au premier plan et voit en la courtoisie une forme d’hypocrisie, tandis que le second préfère avancer masqué…