Dans A Cappella, la violence prend aux tripes. Pas par la force physique, mais par son poids moral. Elle encercle sa jeune protagoniste. Elle se pare d’un masque psychologique habillement posé sur la pellicule. Le drame se pose petit à petit. Il est douloureux, vif et profond. J’ai été perturbée, révoltée, frappée, retournée par le fait divers dévoilé. Sordide. Glaçant. Je cherche mes mots. Les larmes et une boule atroce m’ont envahie devant l’histoire que Lee Sujin conte. La noirceur dépeinte donne des frissons tout le long de la colonne, elle s’immisce bien au delà de la peau, s’enfonce et marque.
Synopsis:
Han Gong-ju, une jeune lycéenne, est contrainte de changer d’établissement scolaire et d’emménager, pour un temps, chez la mère d’un de ses professeurs, tandis qu’une enquête policière suit son cours dans son quartier d’origine. N’ayant en apparence rien à se reprocher, Gong-ju pourra-t-elle échapper à son passé ?
Mon Avis:
Sans spoiler, ni lever le voile sur le mystère, A Cappella surprend, mélange passé et présent pour suivre la tragédie d’une jeune fille obligée de quitter sa famille, son école pour partir dans une ville inconnue. Les questions naissent, tourmentent et virevoltent. Quel est donc cet événement qui bouleverse à ce point la vie de l’héroïne? Quel est donc ce poids qui pèse si lourd sur ses épaules? Han Gong-ju dérange le bon déroulement scolaire. Elle a osé s’exprimer sur une tragédie qui l’a brisé.
Sous des airs glaçants, le traumatisme de Han Gong-ju se cache. L’adolescente paie chèrement un secret. Tout le monde met en doute son statut de victime. Victime de quoi? Est-elle vraiment fautive de rien? A fleur de peau, fragile, elle attire l’empathie au fil des scènes. Je me suis prise à aimer cette jeune fille brisée qui est pourtant si forte. Je me suis mise à douter, à deviner les faits, à avoir le coeur serré, et une envie de vomir… L’énigme autour d’elle s’estompe au gré des indices égrenés. Perturbants, percutants, les détails se dessinent d’une manière qui offre une immersion étouffante dans le mystère. La plongée en enfer scie, bloque et captive. Chaque coup frappe en pleine face. Chaque énoncé étend son emprise.
A Cappella dépeint le drame d’une jeune fille, touchant la corde, la société subit une critique de son traitement des victimes, de son regard sur l’innocence, sur le harcèlement scolaire. Chun Woo-hee incarne à la perfection son héroïne un peu sauvage, un peu froide, blessée elle insouffle pourtant une force au récit qui happe totalement le spectateur. Sombre. Brute. Choquant A Cappella ne laisse pas indifférent. L’horreur est mise en image avec pudeur.
Ma note:
Coup de coeur 9,5/10
Informations:
- Date de sortie: 19 novembre 2014
- Durée: 1h52min
- Titre Vo: Han Gong-ju
- Distributeur: Dissidenz Films
- Réalisateur: Lee Sujin
- Avec: Chun Woo-hee, Jung In-sun, Kim So-Young
- Genre: Drame
- Nationalité: Sud-Coréen