Histoire:
Hiver 1915. Internée par sa famille dans un asile du sud de la France – là où elle ne sculptera plus – chronique de la vie recluse de Camille Claudel, dans l’attente d’une visite de son frère, Paul Claudel.
Mon avis:
Juliette Binoche m’a subjuguée de son regard rempli de détresse tout le long du film. Elle est effacée. J’ai été captivée par son rôle, sa vision du monde, sa charge émotionnelle est quasiment palpable. J’ai été étonnée par le rendu des sentiments, cette impression de rester des heures dans la vie de Camille Claudel alors que le film ne dure pas 3heures. Bruno Dumont réussit à poser son histoire en quelques scènes l’attente intenable d’une soeur. L’attente de la libération.
Camille Claudel 1915 offre une vision des maisons de soins du siècle dernier. La religion est présente par l’intermédiaire des soeurs, elle se devine par ses messes, ses actions, sans étouffer totalement le spectateur. Les pas nous porte dans les dédales de l’asile. J’ai eu un frisson en parcourant les murs, en découvrant les patients. Les gestes sont infiniment doux, humains et désarçonnants. Ils portent en eux tous les sentiments de Camille: colère, frustration, peine, incompréhension… un panel impressionnant. J’ai eu une boule devant la première scène avec la jeune handicapée physique et mentale, la présentation se voile d’une dureté réaliste.
L’attitude de Camille est comme un cri dans la nuit, un énorme cri qui demande à être entendu. L’héroïne cherche une oreille. Elle la trouve en quelque sorte. J’ai apprécié le ton respectueux, le grain de l’image un peu vieillot. J’ai été étonné du silence. Les notes de musique sont quasiment absentes. Ca augmente l’oppression et le rejet de Camille à mes yeux. La bande originale qui s’éclipse pour les bruits de l’existence, dure, brute et sans artifice. Le silence parle plus que les mots. Il transmet un message fort, intense. Il prend au coeur. C’est étrange, le manque de musique, souligne bien des émotions. Preuve, s’il m’en fallait que la musique apporte elle aussi son lot d’idées. J’ai pensé très fort à l’exposition Musique et cinéma mariage du siècle? La musique parfois revêt simplement les bruits du quotidien, pour accentuer les tourments ou les joies que nous croisons sur notre chemin.
Ici, Camille souffre. Face à elle, son frère Paul est désarmant, il m’a semblé froid sans une once de compassion pour sa soeur. Presque inhumain, armé d’une illumination quasiment effrayante, son personnage m’a glacé. Le film est dépouillé des effets sonores habituels, sobre pour laisser libre cour à ses personnages de montrer leurs sentiments et la beauté des images s’expriment davantage. Camille Claudel 1915 est inégal, étonnant, somptueux et captivant. Juliette Binoche est une Camille magistrale.
Ma note: 7/10
Sortie: 13 mars 2013 / Distributeur: ARP Sélection/ Genre: Biopic
Casting: Juliette Binoche, Jean-Luc Vincent, Emmanuel Kauffman, Armelle Leroy-Rolland,Marion Keller, Robert Leroy
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